26/03

26 mars : enfin, j'ai ri ...


 

Bêtement, d’ailleurs : une simple image. Tout un aéropage sous une tente : est-ce bien raisonnable en cette période de confinement. Des gens graves, et au milieu, la figure juvénile de Jupiter lui-même, mais elle est couverte d’un masque chirurgical.

J’ai ri bêtement : sur une infirmière en blouse, non, mais sur ce costume orné de la légion d’honneur, ou sur un gradé de gendarmerie en tenue d’apparat, si.

 

 La parole est mesurée, trop mesurée, des choses connues et des mots sans poids. Ces temps, on mélange tout : la peur de la mort et celle des sous qui manqueront à nos entrepreneurs.

 

Et puis, l’on inaugure un « hôpital de campagne » sous tente de 30 places, ce n’est pas « MASH » et sa bande d’héroïques et paillards chirurgiens… ce n’est qu’un petit hôpital de campagne… L’on a vu, en un temps presque aussi limité, les chinois en édifier un de 1.000 lits. On a vu aussi ce hall d’exposition espagnol transformé en quelques heures en une salle de tri et de soins…. la représentation est manquée.

 

On avait pourtant tout bien préparé : l’annonce avait été faite, les auteurs avaient écrit au plus juste, on avait soigné la pièce et la scène et l’on avait, comme d’habitude, placé sur le réseaux sociaux la claque indispensable. Il est vrai que notre président a fait beaucoup d’effort pour assurer le professionnalisme de sa communication. Mais baste, quand la pièce est mauvaise …

 

Je suis d’une époque où notre Zeus nous gratifiait d’un théâtre autrement plus dramatique. Les discours, les interviews du Grand Charles : le ton dramatique, le rythme des phrases … Je me demande d’ailleurs, s’il avait vraiment besoin que l’on écrive ses discours. Je ne l’aimais pas, mais j’admirais la pièce.

 

Et là : on passe du Don Juan, de la statue du commandeur à une pièce de boulevard écrite pour les voyages organisés du troisième âge.

 

A ce propos, Alfred de Musset « une soirée perdue » … les vers ne sont pas parfaits : à l’époque, ils se produisaient au kilomètre :

 J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre Français,
Ou presque seul ; l'auteur n'avait pas grand succès.
Ce n'était que Molière, et nous savons de reste
Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste,
Ignora le bel art de chatouiller l'esprit
Et de servir à point un dénouement bien cuit.
Grâce à Dieu, nos auteurs ont changé de méthode,
Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode
Où l'intrigue, enlacée et roulée en feston,
Tourne comme un rébus autour d'un mirliton.

 

Laissons nos indispensables pitres à leur tragi-comédie, et retournons à la poésie, en espérant qu’un jour nous la retrouverons :

J'écoutais cependant cette simple harmonie,
Et comme le bon sens fait parler le génie.
J'admirais quel amour pour l'âpre vérité
Eut cet homme si fier en sa naïveté,
Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde,
Quelle mâle gaieté, si triste et si profonde
Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer !
Et je me demandais : Est-ce assez d'admirer ?
Est-ce assez de venir, un soir, par aventure,
D'entendre au fond de l'âme un cri de la nature,
D'essuyer une larme, et de partir ainsi,
Quoi qu'on fasse d'ailleurs, sans en prendre souci ?

 

Tiens, pour revenir au quotidien et avant d’aller faire quelques indispensables achats, cet avisé conseil du médiatique docteur Cymes : Au supermarché, vos achats ont peut- être été touchés, infectés avant de passer entre vos mains … pensez-y … Nettoyer, nettoyer ces objets, ne vous contentez pas des incomplètes mesurettes que l’on vous rabâche jusqu’à la nausée, réfléchissez plutôt, pensez à tout …

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