Samedi 11 avril : Bientôt Pâques
Au Palais :
Le Roi entra en profonde réflexion. Il devrait impérativement, par son adresse de Lundi apaiser et souder le royaume derrière sa personne.
Les vents étaient contraires : ses ministres, entre maladresses et petites menteries dévoilées, ne l’aidaient guère.
Les polices s’agitaient en tout sens, et sans mesures, comme dans une maladive danse de Saint Guy. Alors que de bons bourgeois réussissaient à atteindre leurs possessions et demeures campagnardes, des prévôts s’acharnaient sur des gueux jusque dans les jardins qu’on leur avait concédés pour qu’ils y cultivent leur maigre subsistance.
Côté Médecine, entre docteurs réclamant que chacun sorte couvert de masques et les savants officiels qui, faute d’en avoir, en contestait l’utilité, la dispute continuait, comme celle entre partisans de l’un ou l’autre des remèdes espérés.
Il y fallait mettre bon ordre à cela, et, pour l’avenir, affermir le pouvoir royal, avant de se pencher, en
ces temps de grand désordre, sur l’éternel problème des finances du royaume.
Pour les désordres nés de l’enfermement des sujets, les choses continueraient ainsi, cahin-caha malgré bévues ou excès. Il suffirait, comme à l’accoutumé, de monter au bon peuple, les horreurs du grand mal, la détresse d’autres pays et l’héroïsme de nos carabins, afin que tous filent droit et qu’échappant à la fièvre, ils en supportent les désagréments. Une fois la diabolique épidémie passée, ces petites anicroches relatées par d’incontrôlées gazettes seraient vite oubliées.
Il n’en était pas de même avec les savantes disputes entres carabins, docteurs, mages ou savants. Cela touchait au cœur, à l’espoir suprême de vaincre le diable sur son propre terrain et le terrasser à jamais. On ne combat pas les rêves, surtout quand un petit espoir se fait jour et que des gazettes font état de quelques guérisons. Si d’aventure les Médecins royaux devaient avoir tort, il ne fallait surtout pas que le Roi y ait quelconque part. Ayant, pour assurer qu’Il prenait tout en compte, consulté un détracteur de ses médecins, Il retourna vers eux, les organisant en de nombreux conseils et, les disposant autour de lui comme soldats sur un échiquier, leur assigna le rôle d’assurer, face au peuple, le poids de leurs possibles erreurs.
Il ne restait plus que le souci des finances du royaume et celui, plus important encore, de la cassette royale. L’exercice était difficile, surtout à expliquer. Les finances des royaumes de la ligue hanséatique se relèveraient d’elles même : ce qu’il y a de miraculeux avec le papier monnaie, c’est qu’il suffit de remplacer des promesses d’Eldorado par d’autres riches promesses pour qu’il fasse à nouveau profit. Au demeurant, la côte des banquiers lombards, après une purge salutaire, recommençait à croître.
Le souci était ailleurs : le royaume pourrait, évidemment, bénéficier d’une pleine caisse de la précieuse monnaie de la ligue, mais il faudrait consentir de grands sacrifices : se défaire de propriétés royales, faire concessions aux marchands, presser les vilains au gousset.
Mais, de tout cela, rien n’était nouveau, et le peuple, heureux d’avoir échappé aux griffes du malin et ayant retrouvé pleine santé, y souscrirait, à contre cœur, mais sans se retourner
contre le Roi.
Rassuré, le Roi se reposa quelques instants et, pensant aux fêtes de la Résurrection et à leurs aimables traditions,
il se demanda où la Reine allait, cette année, cacher l’œuf qu’elle lui destinait.
Chez nous :
Toujours debout, toujours beau temps … et toujours dans l’ennui et le regret de nos voyages cyclistes et traditions pascales ….
Ce samedi, à l’heure où je vous parle, nous serions aux portes de la Provence, dans les magnifiques vignes du Comtat Venaissin … un peu sonnés par une nuit blanche sur nos vélos, mais à quelques encâblures de la bière de fin d'étape.
Allez, à plus et portez vous ..