dimanche 19 avril : silence ....
Ce dimanche, le Roi se tut.
Il dépêcha, pour éclaircir sa parole, ses plus hauts ministres. La tâche n’était pas aisée : il fallait donner quelques éclaircissements sur le futur élargissement des sujets et clore les protestations des vieillards qui avaient exigé, contre l’avis de la Faculté, mais à grands moulinets de cannes, d’être libérés en même temps que tous. Le Roi avait cédé, d’autant que tenir longtemps enfermé nos aînés aurait eu fâcheuses conséquences jusque dans le lit royal.
Autour du Roi et dans les salons des philosophes, on discutait gravement des lendemains du Mal et de la façon dont on allait remettre en état le royaume en industrie, commerce, mais aussi quel serait le nouveau « contrat social » qui rassemblerait la Nation. Certains, naguère attachés au seul rayonnement de nos finances, prétendaient à une société plus fraternelle et égalitaire, mais sans monter les voies qui pourraient y conduire. Ce n’était que théâtre, comme tout ce qui meublait cette période de grand ennui, et la plupart des sujets étaient dans l’expectative et en grande crainte.
Le royaume était, avec de rares voisins, celui qui avait combattu le grand mal de la façon la plus calamiteuse et la plus couteuse en vies. Une telle incompétence n’avait été que peu fréquemment vue dans l’histoire de la Nation. Certes, en quelques occasions, on avait pu, soutenus par nos amis et alliés, retourner victorieusement la situation, mais cet espoir faisait défaut.
On se souvenait les suites tragiques de celle de l’usurpateur en second, brisant et déposant son sabre aux pieds du Kaiser il y a 150 ans. Le peuple pris les armes contre l’ordre de ses gouvernants, il tint tête aux prussiens dans la grande cité et suivi philosophes, artistes et même peintre qui lui mirent en tête de dangereuses idées libertaires. On dût, devant l’envahisseur hilare, abattre un grand nombre des nôtres, en envoyer aussi aux antipodes, avant de faire pénitence et de charger nos généraux vaincus de rétablir l’Etat en une nouvelle royauté, certes élective et non plus de droit divin, mais qui devint, au fil de l’histoire et de ses aléas, aussi absolue que celle du grand Louis.
On prit conscience de ce que l’incompétence et l’échec pourrait apporter comme grands désordres.
A Pannessières :
Petit tour à Granges sur Beaume pour faire nos provisions de Comté, Morbier et charcuteries comtoises. Les dernières semaines de confinement ont été meilleures pour la nature que pour nous. La forêt a pris son aspect pré-estival : un moutonnement de vert tendre sur la côte. Les champs du plateau sont soit du vert trop intense des prés gorgés d’engrais, soit envahis par les fleurs de pissenlits. Malgré la sècheresse, le printemps éclate … C’est une provocation.
Et quitte à parler saison, les 4 de Vivaldi, mais pas comme sur le répondeur de Pôle Emploi :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=43&v=BKezUd_xw20&feature=emb_logo
A lundi.