22/04

mercredi 22 avril : terre des hommes ...


La maison royale fit savoir que le Roi avait communiqué et reçu audience distante de notre très saint Père. Mais il ne s’agissait que de fixer et d’organiser le retour des offices.

Pareillement, on annonça le projet royal d’aller sur les terres de la Duchesse Anne afin d’y rencontrer paysans maraîchers et employés de commerce, eux qui avaient, sans faiblir et au risque de s’exposer au Mal, maintenu les approvisionnements nécessaires à la survie du Peuple.

 

Celui-ci ne cilla guère : il connaissait déjà ses bienfaiteurs et n’avait nul besoin qu’on les désigne à sa vénération. L’objet du voyage paru mince et, imaginant le Roi parmi les champs d’artichauds, il sembla au peuple que cette scène aurait pu être jouée par son bouffon.

 

Autour du Roi, on s’agitait toujours beaucoup.

Médecins et savants poussaient toujours à un long et rigoureux enfermement, faute d’étaler de solides connaissances du Mal ou d’exposer leurs progrès. Agitant de nombreux chiffres, ils semblaient être les géomètres de leur ignorance.

 

Intendants et prévôts sévissaient toujours avec rigueur, suivant à la lettre et parfois au-delà, les édits royaux, souvent au mépris de tout bon sens. Ils étaient secondés utilement par juges et procureurs qui, oublieux de nos grands principes ou maximes, sanctionnaient durement tout manquement à des édits parfois inconsistants. Ils étaient devenus semblables à ces monstrueux chats fourrés que décrivait François Rabelais dans son cinquième livre. Hélas, ce n’était pas que littérature.

 

Le peuple, lui, n’ayant rien à faire sinon penser, se retrouvait dans ses soucis et craintes quotidiennes.

On avait reconnu comme bienfaiteurs nos médecins et tous leurs aides, jusqu’aux plus modestes. On avait enfin vu les gens simples qui nous pourvoyaient en nourriture ou objets essentiels. On s’était reconnus, hommes parmi les hommes au sein de cette communauté. Ces retrouvailles, bien que poussées par la crainte du Mal, étaient comme le résultat heureux de la quête du vieux Diogène, ce grec qui, circulant en plein midi dans les rues d’Athènes avec une lanterne allumée, proclamait : « je cherche un homme » …

Dans ce nouveau et beau cercle, les gens de cour ou de pouvoir n’avait nulle place.

Rassemblés en un conglomérat de privilèges et pouvoirs, ils s’éloignaient du bon peuple, tel une de ces montagnes de glace détachée des pôles.

Dérivant vers des eaux trop chaudes, ils retourneraient bientôt à leur liquide inexistence.

 

A Pannessières :

Toujours rien, toujours beau temps, toujours debout… autant dire rien : petite balade kilométrique hier, Josette a fini de peindre la barrière, la Tv ressort des films qui ont plus que mon âge : mon dieu, qu’avons-nous fait pour mériter ça …

 

L’ennui, donc, sauf quand je ponds ces quelques lignes (c’est déjà ça) et le spectacle désolant du naufrage (seulement intellectuel hélas) de nos dirigeants …

Allez, un peu d’humanité dans ce triste monde (mais formule Desproges …)

 

https://www.youtube.com/watch?v=mjDG3gL3r3k

 

à demain,