30/04

jeudi 30 avril : jeu de cartes ...


 

Dans le royaume :

Hier fut réservé aux échotiers, chroniqueurs et fins diseurs qui, tous, se penchèrent sur la parole du premier conseiller et le futur de nos vies enfermées.

 Le discours ne donnait que peu de certitudes ou précisions : l’affaire fit la journée entière et souvent, l’on se contenta de redire, sans grand commentaire et parfois au mot à mot, la parole du premier.

 

On parla beaucoup des écoles, mais comme l’essentiel était renvoyé à l’étude des maîtres ou édiles locaux, on resta sur sa faim et les chroniqueurs ne firent qu’endormir.

 L’empressement à mettre le bon peuple au travail et, pour l’y conduire, à le jeter ou l’entasser dans des coches irrita autant qu’il fit peur. On n’en comprenait pas, de plus, l’urgente nécessité. Les grands argentiers, depuis quelques temps, se taisaient et nul n’avait pleine conscience et exacte connaissance des désastres de finances que la maladie et l’arrêt des manufactures allaient entraîner. La chose était inédite et l’on n’en concevait ni les détours ni la fin.

 

Enfin, ce fut la question de l’ampleur des libertés accordées dans l’après 11 mai qui interrogea. A la différence de l’adresse royale, on évoquait à présent traitements différents selon districts ou contrées. On avait convoqué à cet effet intendants et échevins.

On établirait et dresserait pour ce jourd’hui une carte du royaume présentant les provinces où l’on jouirait de plus vaste liberté. Elles seraient désignées et peintes aux couleurs de l’espoir … Le sort des autres n’était guère évoqué, mais on imaginait bien que leur élargissement serait remis à plus tard, sinon aux calendes. Moindre espoir suscitât rancœur, d’autant que les districts ou provinces ainsi écartées étaient parfois celles dont on avait négligé ou réduit les hôpitaux et qu’ils supportaient ainsi les conséquences de l’avarice de nos gouvernants.

 

On rongeât son frein en attendant la parution des cartes de liberté. Ailleurs, en Faculté, on dissertait sur la maladie sans donner remède, on suscitait craintes sur ses nouvelles formes. L’avenir était sombre.

 

Le peuple était tenu comme petit enfant, le Roi était silencieux et le Premier Conseiller puissant.

Mais sa puissance et la fermeté qu’il montrait et faisait subir ne reposait que sur deux piliers : la crainte du Grand Mal et l’impuissance des savants.

 

A Pannessières :

 

Rien … ou si peu. Dieu merci, il pleut

 

A demain (en vert ou sinon contre tout)