vendredi 1° mai : jour de colère ...
Hier, dans tout le royaume, on attendait impatiemment communication des contrées et districts où l’on pourrait, dès le 11 mai retrouver une liberté, certes relative, mais ardemment espérée.
On montra tout d’abord ceux où, par bon comportement ou éloignement naturel, on avait su se tenir à l’écart du mal. On montra ensuite ceux qui disposaient de bonnes ressources en hôpitaux et carabins. L’écart était grand, et, comme l’on concluait que le moins favorable devait l’emporter, de nombreuses contrées, souvent rurales, se virent classées dans celles où l’on ne pourrait sortir d’enfermement à la date dite. On réviserait la chose au mieux deux semaines plus tard. En attendant, on ne desserrerait la corde que pour les seuls travailleurs. Pour les autres, ils ne retrouveraient pas marchés et messes, quant à leurs loisirs et visites, on réfléchissait encore.
La chose fut débitée d’un ton neutre avant que le médecin chef de la Cour ne rendit quelques
nouvelles plutôt bonnes sur l’état de la maladie. Tout cela fit grande colère, surtout dans les contrées où l’on avait, par sordide économie, fermé hôpitaux et cabinets publics,
jeté malades et parturientes sur les routes pour s’aller soigner au loin. On avait, sans succès, fait grandes manifestations et suppliques. Désormais on devait, par liberté refusée, supporter
le poids des torts que l’on nous avait causé. Après le calamiteux manque de becs et masques, le défaut de moyens d’examen et le refus de soins aux malades avant qu’ils ne fussent au bord du
grand péril, la coupe parut à tous plus que pleine.
Le même soir, un échotier patenté rendait compte de l’entretien qu’il avait eu avec le savant, ou mage selon l’opinion que l’on en avait, qui, de Marseille avait suscité espoir, mais aussi soigné avec quelques succès ses compatriotes. Il était fort décrié en Cour et Académie, mais l’une et l’autre n’ayant plus guère crédit auprès du peuple, on s’interrogeait.
Il parut moins arrogant ou fol que l’on avait voulu le décrire. Ses doutes, tout comme sa volonté à soulager ses semblables au mieux de son savoir et science et par respect d’Hippocrate, le firent paraître sous un meilleur jour.
Qu’il ait eu raison en tout ou en partie seulement, il apparut comme manifestement de bien
meilleur conseil que les inconséquents et impuissants médecins ou savants de Cour. Il étudiait attentivement les lointains royaumes qui avaient connu en premier le Grand Mal. Il espérait que,
dans nos royaumes, comme à l’extrémité du globe, le mal faiblirait et disparaîtrait. Il désespérait, en revanche, de ce que, dans nos riches pays, l’on n’ait pas su prendre le mal à sa racine
et que, par crainte et faute d’avoir remède certain, on ait laissé mourir tant de bons sujets.
Trop de choses, désormais, faisait douter
des sages, savants, mathématiciens et scribes qui conseillaient le Roi et présidaient aux offices. Le char de la Nation, qu’ils tiraient si mal, courrait à l’abîme.
A Pannessières :
Temps pluvieux (mais ce n’est pas plus mal) … et bien trop en rogne pour parler d’autre chose de ce qui nous arrive, ou arrivera bientôt … en fait, on n’a pas tout vu : côté loisirs et déplacements autres que pour le travail, « on » réfléchit … je crains le pire.
En pondant ma « chronique du royaume », ça m’oblige à faire autre chose que de nhurler des injures ou des menaces…
mais ça manque.
Bon 1° mai quand même.