Samedi 2 mai : muguet triste ...
Le bon peuple avait passé un bien triste premier Mai. Le jour s’écoula comme tous les autres, entre ses propres murs, abreuvé aux lucarnes par les saynètes habituelles. On y montrait maints petits gestes destinés à rendre moins pénible ce temps d’enfermement ou faisant publicité d’initiatives permettant de pallier l’incurie de nos gouvernants ou la misère des hospitaliers par quelques travaux d’aiguille. A intervalles bien trop fréquents, on débitait, comme automate, à la façon des coucous de ces horloges suisses ou alémanique, les prescriptions de la Faculté.
Ce jour était chômé et payé, et, de plus, pour cette année il coïncidait avec la fin de la semaine. Tous auraient pu profiter de trois jours entiers pour loisirs, voyages ou fêtes. On pensait aux heureux jours, à la période de l’insouciance, au muguet, petite fleur printanière et porte-bonheur, symbole de cette fête, que l’on se procurait.
Parmi le peuple, on se souvenait aussi des temps plus sombres. Cette fête était celle des travailleurs. On remémorait, à l’origine, les luttes ouvrières et un grand désastre que l’on avait commis au loin contre de pacifiques ouvriers. De nombreuses célébrations avaient suivies et on avait fini par accorder le congé de ce jour. L’usage s’en était étendu dans le Monde.
Avec les sombres perspectives du moment et le naufrage annoncé de maintes industries, il faudrait sans doute revenir aux revendicatifs défilés.
En France, par tradition, on offrait le muguet porte bonheur au Roi. La chose était portée anciennement par les portefaix des grands entrepôts. Cette année, il fut demandé aux maîtres artisans en horticulture et aux confréries de fleuristes de remplir cet office. Le Roi, dans son compliment de remerciement, espéra le retour de premier mai de fêtes, de célébrations joyeuses et turbulentes. Il fit louange du Travail mais comme pourvoyeur de richesses. On était bien loin de la signification primitive de cette date. Il reprenait, sinon par volonté, du moins par négligence ou erreur, l’antienne de ce vieux maréchal, honni de tous, qui, en accord de pensée avec l’envahisseur, prétendait rénover le royaume en s’appuyant sur la vertu et les efforts de travailleurs soumis à tout.
Encore une fois, le Roi trébuchait …L’on se demandait combien de fois encore il tomberait, la croix de ses erreurs sur le dos, dans sa montée au Golgotha. Et son premier conseiller n’avait décidément rien de Simon de Cyrène.
Chez nous :
Guère plus gai, mais on prend l’habitude des journées grises, seulement animées par quelques efforts d’écriture ou l’esprit titillé par la grogne née de l’imbécilité de nos gouvernants.
Ça laisse rêveur : on serait dans les 5 premiers en mortalité relative, alors que l’on est les plus tâtillons en matière de réglementation de confinement et certainement les plus centralisateurs en matière de recherche de solutions pratiques…. Les pires en tout, ou quasi ?
J’avais trouvé hier une carte des pays les plus affectés : on est, avec quelques voisins, en bleu marine dans un océan de blanc, bleu pastel ou ciel … ça fait tache. Champions en mortalité et en perte de PIB, on est mal.
Allez, pas moyen de se faire naturaliser dans l’autre Jura, faut faire avec … et je me remets une petite chanson de Renaud quand il était petit …
https://www.youtube.com/watch?v=GPbVD-lA7Fw
A dimanche …