dimanche 3 mai : sinistre conseil ...
Le grand Conseil au complet se réunit et fit compte rendu.
Pour une fois son héraut ne commis nulle bévue et tôt chargea le Grand Médecin et le Ministre des Polices d'en présenter les travaux.
Il s’agissait, pour se tenir fort et ferme devant le futur du grand Mal, de renforcer le pouvoir du conseil et, par décret, de pouvoir s’affranchir de quelques règles de liberté. Pareille disposition avait déjà été prise, mais sa fin était proche : il fallait en prolonger l’effet et y ajouter quelques clauses. La nouvelle échéance que l’on indiquait parut fort lointaine et en reportait l’issue au-delà des beaux jours espérés pour, sous d'autres cieux,se remettre de l’épreuve.
Le peu de liberté que l’on rétablirait à la date annoncée par le Roi serait conditionné au bon comportement des sujets et au respect de règles nouvelles. Certaines parurent évidentes et étaient déjà largement et spontanément appliquées, comme le port de bons masques gardant de contagion. D’autres parurent, comme à l’accoutumée, excessives : montant des contraintes et multiplication des gardes, sergents et auxiliaires aptes à les dresser.
Enfin, pour suivre au plus près les malades, on prévoyait de chercher, recenser et informer toute personne les ayant côtoyés afin que, par surveillance et quarantaine au besoin forcée, tous contribuent à arrêter la course du malin. Cela était bel, bon et fort propre, mais faisait craindre quelques abus d’autorité. Le sujet mobilisa aussitôt chroniqueurs, échotiers et philosophes.
Cependant beaucoup, dans le peuple, bien que n’ayant nulle confiance dans d'aussi piètres gouvernants, avaient souci de l’arrêt du Grand Mal, comme celui de retrouver rapidement liberté, emploi et ressources.
Quand à leur liberté, encore plus qu’inquiétude, ils perdaient espoir. Pour leurs voyages, loisirs ou visites à parents et amis, on réfléchissait encore, ce qui ne présageait rien de bon.
A n’en point douter, il s’agirait encore de limiter, sans vrai raison, distances et natures, d’interdire belles et désertes plages ou autres lieux et loisirs.
On brandissait déjà le bâton. Il s’agirait de filer droit : le Médecin royal menaçait de revenir, au besoin sur la date annoncée ou d’en restreindre l’effet aux seuls districts qu’il jugerait bon. Le Ministre des Polices, mettait le doigt, lui, sur le montant des astreintes ou gages et sur la multiplication des sbires autorisés à verbaliser.
Entre annonces et indiscrétions auprès des échotiers, on avait décrit et fixé notre futur au rebours de l’annonce royale.
On avait aussi donné au peuple suffisamment d’inutiles contraintes et petits sujets de colère pour qu’il en oublie ses griefs principaux, savoir le désastre qu’avait causé le grand mal dans notre royaume du fait de la déshérence des hôpitaux ou du dénuement des carabins et hospitaliers. Il fallait aussi faire oublier les menteries que l’on avait faites pour en cacher et éluder l’ampleur.
Le grand conseil craignait, le Roi se
tenait coi, on enrageait de se voir cloué au pilori par d’impudentes gazettes. En dépit, on espérait qu’avec crainte du bâton, ennui chassé par de plaisantes anecdotes et flatteries, le peuple ne
se retournerait pas contre ses maîtres.
Chez nous :
Le temps s’échappe, on oublie les dates et les jours, le ciel est gris, je me suis réveillé trop tôt et on est bientôt en panne de Comté. L’affaire est grave.
Côté vin, bonne nouvelle : mon viticulteur préféré de Saint Panthaléon les Vignes envisage de reprendre ses livraisons … j’ai passé commande de quelques caisses : vins lourds de ses vignes centenaires ou plus légers pour l’ordinaire de notre enfermement.
Je viens d’apprendre le décès, à Paris, d’un grand chanteur kabyle … Je n’ai guère séjourné dans son pays, et j’en sait peu de choses, mais je m’y étais senti étrangement bien et en harmonie.
Pour nos cousins des montagnes d’outre méditerranée, cette chanson … pour nous, chantée en français :
https://www.youtube.com/watch?v=QrQvvXN1Rx0
A lundi…