mercredi 6 mai : encore les chats fourrés ...
Chronique du Royaume :
Hier, le Roi s’en fut visiter une école en vue du prochain retour des enfants aux études. Celle-ci accueillait les petits des hospitaliers. Si les portraits et rapports que l’on fit ne le montrèrent à l’aise, ni dans la façon de se cacher le visage pour éviter contagion, ni dans le rôle de maître de petite enfance, il tenait surtout à montrer quelle serait le relatif élargissement et gain en liberté de ses sujets à la date par lui-même annoncée. Mais il ne dit guère plus que ne l’avait fait ses ministres, disant que la bête n’était point morte, insistant sur son possible sursaut ou même rétablissement et concluant à d’encore nécessaires privations d’aller et venir à son gré pour loisirs et amitiés. Il rejoignait en tout point l’avis de ses conseillers qui étaient venus à bout de sa volonté royale d’accorder à tout ses sujets même bonne liberté, à charge par eux, en conscience, d’en user prudemment.
Outre que son apparition ne fit guère écho, il ne faisait que rejoindre le Grand Conseil dans la détestation que ce dernier avait suscité. On attendait, sans croire que cela lui rendrait sa majesté, la proclamation qu’il devait faire en faveur des théâtreux et saltimbanques qui, faute d’aller au public, étaient en grande peine et misère.
Du côté de la chambre des Pairs, on s’était résolu à donner licence au Grand Conseil afin qu’il puisse décréter et tenir le pays à sa guise pendant de longs mois encore. Pour y marquer sa main, et se faire remarquer du bon peuple comme ami des libertés, il fit quelques changements. Mais, en outre, il ajouta un articulet tenant à distance des juges les édiles, intendants ou maîtres de manufactures qui auraient par négligence attiré le mal sur ceux dont ils avaient la garde. La chose leur retira la sympathie qu’ils s’étaient attirés hier en faisant affront au premier conseiller.
Sans grande nouvelle, échotiers et gens du peuple attendait, pour le lendemain, de connaître avec plus de précisions le sort qu’on lui réservait au 11 prochain. Morosité et inquiétude était le lot du plus grand nombre.
Chez nous :
Rien de neuf, pas plus que chez tout le monde …
Je suis simplement effrayé par le délire ambiant, par les gens qui réagissent comme si la peste, la vraie, encore pire que la grippe espagnole, était revenue. Effrayant de voir que l’on est plus capable de raisonner : en fait, dans le Jura, le nombre de nouveaux cas, donc les chances d’être infecté, rapporté à la population, font que la probabilité de tomber malade doit être inférieure à celle de gagner à l’Euro Million … et les gens ont quand même peur…
Autre sujet : dans la presse nationale aussi, on parle du décès du docteur Loupiac et de la plainte déposée par sa veuve. L’hôpital réagit en s’auto dédouanant … intolérable !!!
Réduction des coûts, des moyens, suppressions d’hôpitaux, de lits, de services, d’une ligne d’urgence et rien... des politiques qui laissent faire dans l’espoir que leur hôpital, lui, s’en tirera au mieux, et surtout, des fonctionnaires serviles qui justifient, en font le plus possible au mépris de nos santés. Ils sont tout puissants, tels les « chats fourrés » du docteur Rabelais … Pour eux, en guise de fin pour aujourd’hui, ce qu’il en disait :
« Et s’il arrive jamais la peste au monde, la famine ou la guerre, le déluge, des cataclysmes, des conflagrations, des malheurs, ne les attribuez pas, ne les rapportez pas aux conjonctions des planètes maléfiques, aux abus de la cour de Rome, ou à la tyrannie des rois et des princes de la Terre, à l’imposture des cafards, des hérétiques, des faux prophètes, à la malignité des usuriers, des faux monnayeurs, des rogneurs de pièces d’or, ni à l’ignorance, l’impudence, l’imprudence des médecins, des chirurgiens, des apothicaires, ni à la perversité des femmes adultères, empoisonneuses, infanticides ; attribuez-le complètement à l’énorme, indicible, incroyable, inestimable méchanceté, qui est continuellement élaborée et exercée dans l’officine des Chats-fourrés, et qui n’est pas plus connue au monde que la cabale des Juifs ; pour cela, elle n’est pas détestée, ni corrigée, ni punie, comme il serait de raison. Mais si, un jour, elle est mise en évidence et montrée au peuple, il n’y a pas, et il n’y a jamais eu d’orateur si éloquent qui, par son art, ne le retienne, ni de loi si rigoureuse et draconienne qui, par crainte de la peine, ne le garde, ni de magistrat si puissant qui, par la force, empêche le peuple de, furieusement, les faire tous brûler vifs dans leur terrier. »
A demain