11/05

lundi 11 mai : déconfits ...


 

 Pour ce premier jour de relative levée d’écrou, le pays s’éveilla sous un ciel gris et menaçant. Dans la capitale, on sentit même une odeur de souffre que l’on ne s’expliquait. Avec les craintes maintes fois soulignées d’un retour du grand mal, l’annonce de nouveaux cas de maladie on redoutait un sursaut du malin.

 

Les tâcherons et ouvriers allant aux manufactures proches des villes ne trouvaient pas assez de coches, on fut nombreux dans les rues et les villes redevinrent peu ou prou ces lieux de pestilences qui lui avaient facilité l’étendue du Mal. Et ce n’est ni les limites que l’on gardait pour les provinciaux ni les conseils aux anciens de se tenir encore clos qui pourraient empêcher le retour de malades aux hôpitaux.

 

Pour l’heure, ce n’était pas encore le cas, à quelques affaires près. Au demeurant, il ne s’agissait que de contaminations d’avant l’élargissement du jour.

 

Dans la capitale, comme dans les grandes villes du Royaume, on reprit, avec grande peur, le cours de sa vie. Mais l’étrangeté des semaines passées, ces longues heures de solitude ou de paresseux ennui, comme la privation de ses amitiés ou lointaines familles avaient causé maints troubles parmi les gens. On en était encore comme hébétés, et ce n’est ni le souvenir des errements et menteries du Grand Conseil ou des Médecins officiels, ni ce trouble qui pouvaient redonner vaillance et confiance en un bel avenir.

 

Les argentiers se faisaient encore discrets en cette période. Il est vrai qu’ils n’avaient que peu à dire. On ne savait plus que prévoir devant tels bouleversements. N’ayant rien ni fait, ni vendu pendant tout le printemps, les manufacturiers étaient dans le besoin et pensaient à limiter le nombre de leurs gens. Artisans et boutiquiers étaient à la merci des banquiers et nombreux étaient les petites gens qui, bientôt, n’auraient plus d’ouvrage. Le grand argentier avait grand besoin de remplir sa cassette mais n’en voyait guère le moyen. Avec tout ceci, on craignait grande misère.

 

De grand ennui à grande crainte, comme de Charybde en Scylla, ce lundi de remise en liberté ne fut certes pas jour de joie.

 

A Pannessières :

 

Pas vraiment le moral …sombre avenir pour les gamins, sombre présent pour ceux qui étaient et sont dans la dèche : c’est vrai que le type de crise qui nous tombe dessus est inédite… comme d’hab. ce ne sont pas les brillants économistes qui vont nous tirer d’affaire (en principe, ils sont bons pour expliquer ce qui s’est passé, pas pour prédire l’avenir ou donner des solutions)

 

Bref, à priori, ça va tomber dur sur les moins costaux … Quant à une société plus juste et plus écolo, pas sûr … Un de mes vieux maître disait que les « révolutions suivaient la ligne de plus grande pente » - C’est pareil pour les sociétés, et la pente n’a guère varié en trois mois …

Reste à savoir si on est obligé de vivre avec, ou si on peut, au moins en partie, vivre à côté et aller gazouiller avec les Colibris (ou d’autres : je n’ai pas de préférence côté mouvements écolos, je pense simplement qu’ils ont beaucoup trop le culte du petit groupe « marginal » … mais, à part ça, j’aime bien et en plus ils ont raison)

 

Allez, comme il ne fait pas beau, autant se le faire, très exagéré, à la Ferré/Beaudelaire :

 

https://www.youtube.com/watch?v=13ymiY-14tM

 

A demain…