Mercredi 25 mars : traversée de POLIGNY
J'avais passé quelques années de ma vie et de ma carrière dans ou près de cette ville. Adolescent, j'y avais connu une fille qui me ressemblait un peu.
On arrive à POLIGNY, venant de MIERY par une agréable descente au milieu des vignes et dominant la plaine. Pas de grand domaines : ce ne sont que des petites parcelles familiales. Au printemps, on y trouve encore ces superbes tulipes jaunes, du moins celles qui ont résisté aux désherbants modernes.
J'entre dans la ville un peu au hasard, par des rues étroites que le moindre stationnement rend impraticables. Guidé par le clocher, j'arrive sur la place où se dresse l'église de Mouthier-Vieillard. C'est un vaste espace réservé autour d'une pelouse formant enclos est sur lequel se dresse l'édifice. Eglise romane, du IX°, je crois, chargée d'histoire. Elle a subi maintes avanies : les chapelles, les annexes manquent, les portes sont murées et la seule entrée se fait par une porte latérale. Les travaux de rénovation ou conservation n' ont bénéficié qu'à la toiture. Beau travail, tout de « laves » calcaires. Mieux, ont a pris le soin d'y réserver, avec quelques laves et pierres sèches adroitement disposées, les petites ouvertures d'aérations. Mais, pour le reste...
On s'approche de la porte, moderne, trop moderne. L'église est fermée, l'intérieur est sombre : on ne verra rien de son intérieur. Bien sûr, il faut tenir fermé ces édifices par les temps que nous vivons. Mais quand même, on pourrait un peu laisser entrer la lumière et prévoir des trous de serrures plus conséquents.
Photos et quelques minutes sur un banc. Devant nous, une croix : le socle est ancien, c'est celui de l'un de ces calvaires où l'on pouvait gagner des « indulgences » : 40 jours au cas particulier, ça vaut le coup... La croix actuelle fut réédifiée fin XIX° par une respectable dame. Il est vrai qu'à cette époque, on construisit beaucoup : basiliques, oratoires, croix de mission, partout : l'église était « triomphante ». Mais on était soumis et repentants : on édifiât des cathédrales en baissant la tête.
Je reprends la route, me perd un peu. Il est vrai que ce haut lieu, l'une de nos plus vieille et plus belle église est à l'écart de tout, peu indiquée et presque tenue cachée. Je rejoints la ville et arrive sur la place Travot. On retrouve une circulation bien trop intense pour une petite ville.
Sur la place, le bronze qui honore le général lui ayant donné son nom : général d'empire, petit homme bombant le torse, jambe avantageuse et bicorne trop grand. Natif du pays, il connu les armées de l'ancien régime puis celles de la République. Il s'illustra, si l'on peut dire, contre les chouans, en Vendée, puis contre les vendéens à la tête d'une des « colonnes infernales ». La contrée ainsi « pacifiée », il s'y installa, fit quelques campagnes puis y revint jusqu'à ce qu'un procès assez inique mit fin à sa carrière. On l'emprisonna, il sombra dans la folie : triste fin.
La statue initiale ayant subi quelques avatars, celle-ci est « moderne ». Sur son piédestal, on a gravé cette citation (de Napoléon, je crois) : « au brave et vertueux général Travot » … Je n'en suis pas sûr.
On quitte Poligny : sens obligatoire, étranglements et ralentisseurs sont là pour régler ma vitesse entre celle d'un homme au pas et de courtes accélérations nerveuses. Mon cerveau reptilien suit la mesure, l'autre s'en fout : je ne verrai rien de la suite et me retrouve enfin le long des quelques vignes montant vers BUVILLY.