27 avril 2021 : rendez-nous le Professeur Pélerin !
Il y a un peu plus de 30 ans, on apprenait avec quelques jours de retard qu'en lointaine Ukraine le réacteur d'une centrale nucléaire avait fait des siennes, rejetant en l'air une bonne quantité de tonnes de produits divers, mais radioactifs, et laissant son cœur en fusion rejoindre les profondeurs d'où il n'aurait jamais dû sortir.
On craignait les retombées de la chose, on imaginait le lait de nos vaches chargé en Césium radioactif, nos salades et nos champignons inconsommables, jetés aux ordures.
Chez nos voisins, on ne récoltait plus dans les jardins.
Mais en France, l'époque était au nucléaire, il fallait sauver le soldat EDF, déjà menacé par des écolos agressifs dont la troupe battait la campagne et défilait trop bruyamment aux murs de nos centrales. On fit venir le Professeur Pélérin, homme de science désigné aux fins d'instruire le bon peuple.
Il déplia devant tous une carte de France, et, désignant les rives du Rhin, affirma sans rire que le nuage nocif s'était arrêté là, et, qu'en deçà, nul motif nous interdisait de manger nos salades, que la choucroute était saine et l'air respirable.
A Pannessières, le ciel était bas, le brouillard tenace et sur les plateaux, quelques ondées se chargeaient de rendre nos sols et celui de nos coins à morilles radioactifs pour quelques siècles … Le Professeur fut conspué et les écolos repartirent en campagne de plus belle.
Les temps changent.
Pour la première fois depuis un millénaire, on a élevé une simple maladie, un peu chiante il est vrai, au rang de fléau infernal, de peste moderne, antichambre de l'enfer... Nos médecins ordinaires mis sur le côté, on se presse encore en bon nombre aux portes des hôpitaux dont on avait rogné les ailes... Situation inconfortable : il faut donc montrer la menace.
On avait réuni de grands médecins, statisticiens et automates, aussi des savants chercheurs qui étaient pharmaciens...On fit donner avec eux, l'exact contraire du Professeur Pélerin : le nuage viral se plaisait chez nous, bien contenu par nos frontières, et notre « taux d'incidence » surclassait celui de nos voisins !!!
Passons sur les malheurs du temps et revenons à nos écolos des années Tchernobyl … les actuels ont rejoint les marches du pouvoir ou quelques organismes soucieux d'environnement...
L'avenir est électrique, le nucléaire est son ami. On ne défilera plus aux murs de centrales nucléaires qui alimenteront si bien nos pompes à chaleur, nos voitures et nos vélos... Nos vélos, surtout (j'espère qu'on autorisera la chose en compétition … moins de temps à passer devant la TV pour regarder des sportifs escalader le Ventoux, ça compte ...)
Les temps changent, mais un peu trop à mon goût. Je laisse tomber mon athéisme ordinaire et je fait une prière :
"Mon Dieu, rendez nous le rassurant Professeur Pélerin et nos écolos d'antan."