Requiem pour un camping (et aussi un lac)
Les deux, bien sûr…
Pour le camping, c’est fait, dans l’enthousiasme (unanimité, en fait) du Conseil Général, saluant au passage, grâce à la disparition du camping, le sauvetage de l’environnement de cette perle du Jura, un geste décisif en faveur de la nature.
Peut-être, le camping du Domaine de Chalain avait-il mal vieilli… On était loin de l’enthousiasme des premières années, du luxueux camping qu’il était alors, un des plus beau de France, attirant tout un flot de Bataves (pas toujours souhaité par quelques jurassiens).
Au fil des années, il s’était couvert de mobil homes ou de tentes aménagées, à priori gérées par des voyagistes, et la partie « ouverte » était plus limitée….
Il faut maintenant prévoir les sous pour enlever toutes ces « verrues », réaménager l’ensemble et apprendre à se passer des revenus de la chose : une paille, grosse paille…
Un grand geste pour les contribuables, mais, je le crains, bien plus petit pour l’environnement
Le lac était malade, c’est sûr … on avait commandité à cet effet une solide étude, scientifique, complète, indiscutable. Reste à la lire …
A défaut de pouvoir en mesurer et comprendre tout de c e langage scientifique, de connaître tout des données recueillies par ces savants sur l’évolution récente de la flore et la faune de notre lac, commençons par la fin, plus exactement par les recommandations faites par ce distingué collège scientifique en vue d’en finir avec « l’eutrophisation » des eaux turquoises de la perle du Jura... elles sont très claires :
*1) une amélioration du réseau d’assainissement et des stations du bassin versant du lac (soit, en fait le plateau au dessus de Chalain... ça va jusqu'au Frasnois...)
*2) une amélioration des pratiques agricoles avec une limitation maximale des épandages d’effluents liquides de types lisiers/purins…
*3) une restauration de la zone humide en rive ouest du lac (bas marais) avec une suppression des fossés de drainage qui accélèrent les transits d’eau et de substances vers le lac… (en fait, boucher les fossés qui avaient été creusés pour rendre « cultivable » les marais qui bordaient encore le lac dans les années 1960)
*4) une limitation supplémentaire des marnages artificiels (écart entre le niveau bas estival et le niveau maximal – « normal » de
Chalain) afin d’augmenter l’efficacité des mesures préconisées ci-dessus … (c’est aussi nécessaire pour le maintien sous l’eau des vestiges de la cité lacustre – site
UNESCO protégé ) la cote de 487 m était requise- mais on l'a fait monter à 488...
Bref, dans toute cette étude, les pipis des campeurs ne sont guère présents … les quelques fuites accidentelles de l’égout ayant eu lieu dans le passé côté Marigny ne pèsent guère et s'agissant d'un conduit commun avec les communes et fruitières du plateau, nos campeurs ne peuvent donc être que très indirectement mis en cause…
On en reste donc sur les dégâts de la « modernisation » agricole, du passage de prairies naturelles ou pâturages communaux à une culture intensive d’herbages.
L’approvisionnement du Lac (les sources au fond du domaine) bénéficie (ça a été chiffré) des résidus de 5200 T de fumier, 5700 m3 de purin, de 105 T de nutriments NPK, sans compter l’azote…
C’est pas pour dire, mais si le maintien au niveau haut du Lac est bien souligné comme utile, autant comme complément aux préconisations citées que pour la conservation des vestiges lacustres, je ne vois pas le lien entre cette très belle étude et la fermeture du camping, en tout cas, je ne vois pas en quoi elle évitera la mort annoncée du milieu naturel : ce n’est pas demain que l’on changera de modèle de production agricole …
Mais J’ai sans doute mauvais esprit.
En attendant, un site en grande partie à l'abandon pour la seconde année, une zone réduite à l'état de friche industrielle, une absence de projet, ou des projets tenus secrets .... des dettes pour le département, et, contrepartie de la dissolution de la régie départementale qui gérait le site, un futur qui d'évidence risque de l'être par des intérêts privés...