Un bel hiver


4 décembre : un bel hiver...

Bel Hiver…

 

4 décembre 1969 … enfin, plutôt le 3 dans l’après-midi, Jo était à son terme, il fallait y aller...

C'était bien avant le réchauffement climatique et  nous avions eu alors, jusqu'en plaine, une bonne couche de neige. Le gel était venu aussitôt à la suite et les routes étaient couvertes d’une très belle glace bleue.

La voiture ( une Dyane 4 - 2 CV "modernisée"), lestée à l’arrière d’un sac de ciment, nous permis d’atteinte LONS, à 30 kms, sans encombre.

Direction la clinique "La Ferté". L’établissement, "de bonne réputation"  aspirait à traiter les accouchements d’une bonne moitié du département.

 

Je m’apprêtais à attendre sur place la naissance espérée.

L’époque, dans ce milieu de petite bourgeoisie provinciale, n’était pas à associer les papas à l’évènement, mais plutôt à écarter ces gêneurs de ce temple d’Esculape.

Pas question de tenir la main de la future mère, encore moins d'assister à cet acte médical sérieux. Quand à garder les pères dans une salle d’attente enfumée, cela était bien sûr d'un autre âge.

 

Après examen de la future mère, on vint déclarer au futur père que rien ne se passerait avant la matinée du lendemain et qu’évidemment, il n’avait rien à faire là, du moins pas avant le lendemain, à l'heure d'ouverture de l'accueil...

Je laissais Jo aux bons soins de l’équipe médicale et retournais passer la nuit dans ma maison d’enfance. Ma fille naquit vers 6 h ou 6 h 30, à l’heure où je me rasais et me préparais avant de retourner à la clinique.

 

Jo avait passé la nuit seule, avec ses peurs. Je la retrouvais enfin avec ses douleurs, le souvenir de son attente solitaire et de ses angoisses. Ses déchirures aussi, laissées en l'état. Un accouchement sans doute normal pour un autre siècle : dans la douleur, comme promis aux filles d'Eve, donneuses de pommes maudites ...

De ma fille, je ne découvris que la figure, emmaillotée qu’elle était, posée dans une sorte de cuvette en plexiglas qui lui servait de berceau.

Pour la suite, et les quelques jours de clinique compris dans le forfait, je tenais compagnie à mon épouse aussi longtemps que possible. On ne comprenait guère cette insistance à rester auprès d’elle. Décidément les pères n'avaient rien à faire là ...

 

Nous étions jeunes, tout à notre bonheur : la pénible expérience avec de soi-disant disciples d’Hippocrate, bourgeois, rétrogrades et imbus d’eux-mêmes, ne nous marqua guère.

Notre bonheur était ailleurs, bien loin des crétins, fussent-ils archi-diplômés : hommes sans empathie, hommes sans qualité …

 

Il n’empêche, ils sont un peu trop nombreux, encore maintenant ...

A la santé de ces crétins, un excellent extrait des Monty Python.

 

 

 

le miracle de la vie"