Requiem pour quelques frênes (mais pas pour un c..)
Lac d’Ilay – ou du Frasnois ou de la Motte, comme on voudra…
Dans mon enfance, il était bordé par une route au Sud et quatre ou cinq frênes, emblématiques, se dressaient sur sa rive. C’était un lieu de baignade, même pour nous qui ne savions nager : on avait pied sur plus de dix mètres. Le fond n’était guère confortable : des cailloux de calcaire aux angles encore vifs. L’eau était transparente, des écrevisses logeaient sous les pierres : on y mettait les mains… En face, proche de la rive Est, sur une ile, les ruines d'un ancien prieuré, lieu de prière de nos premiers ermites jurassiens.
Ces choses ne pouvaient durer : la route, déviée, fut barrée. On mit une affiche interdisant la baignade, puis, avec un classement « Natura 2000 » quelques interdits supplémentaires. L’endroit restait cependant un fantastique lieu : baignades, en dépit des affiches, mais aussi et surtout une halte pour les promeneurs, un agréable lieu de repos pour les familles…
Les hêtres qui faisaient le charme de l’endroit tombèrent malades. Un, d’abord, qui finit par mourir sur pied, puis son voisin ensuite. Les années passèrent, beaucoup trop, sans réaction. On vit le second mourir, puis le troisième faiblir. Quand les autorités se décidèrent enfin à agir, on coupa tout, même le survivant, que l’on eu soin de couper à 3 mètres de hauteur pour qu’il puisse être le support des pancartes et interdits divers.