Arnaques au DPE … ou DPE arnaque ?


Arnaques au DPE … ou DPE arnaque ?


EFFY, la fée, d'après la pub, m'avait plaisamment offert une estimation de l'indice DPE de ma maison et proposé quelques travaux d'amélioration .... ma réponse ....

" Le vendredi 28 juillet 2023 à 00:48:47 UTC+2, lethieu@aol.com <lethieu@aol.com> a écrit :

 

 

Vous avez bien voulu, sur la base d’une évaluation de mon DPE dans la catégorie E de consommation énergétique, catégorie interdite à la location en 2034 si je me souviens bien, m’indiquer les travaux utiles pour la rénovation de ma maison ainsi que les gains attendus en fonction de ces travaux… Vous proposez vos services pour en étudier la réalisation. Après examen, je vous informe que votre évaluation me paraît particulièrement sommaire et son résultat totalement déconnecté de la réalité. Je vous signale que, rapportée à mon utilisation personnelle (logement occupée à temps plein – retraités- maintenu à 20, voire 21° - personnes âgées- ma consommation énergétique réelle au m² ne dépasse pas la moitié de la médiane de la catégorie E, soit une catégorie D correcte. Il est donc normal que je ne fasse aucune confiance à une proposition aussi éloignée de la réalité… Si vous souhaitez connaître le fond de ma pensée, vous pouvez suivre ce lien : https://www.lethieu39.fr/2023/07/16/arnaques-au-dpe-ou-dpe-arnaque/

 

Mis à part le côté « humoristique » de quelques expressions, il résume bien le jugement que je porte sur ce genre de proposition d’étude. 
Cordialement,"

 


ça renvoyait à cet article de blog ...

Au départ il s’agissait de classer les locaux d’habitation selon les dépenses nécessaires pour en assurer le chauffage (ou la climatisation) de façon compatible avec une vie décente. L’affaire pouvait se faire « à la dépense réelle, sur justificatifs » …

 

Ça manquait un peu de normalisation. On s’est mis en tête de rectifier la chose : déjà définir des conditions d’utilisation « standards ». La température des locaux fut fixée à 19° réduite à 16° pendant les heures de travail, et au maintien d’une température maximum en dessous de 28°. Si l’on écarte les dépenses réelles faute d’avoir la certitude que ces conditions soient réunies, il a fallu établir une méthode pseudo scientifique pour évaluer non la dépense mais la consommation énergétique des locaux.

 

Mu, croit-on, par un juste souci environnemental, la règle fut aussi d’interdire à la location les locaux les plus « énergivores », soit les catégories E, F et G, selon un calendrier s’étalant sur une période d’une douzaine d’années. Le but était louable, mais il s’agit quand même d’une atteinte sérieuse au droit de propriété ou à la liberté de passer contrat, d’autant que l’on parle déjà, pour la suite, de contraintes à la vente, d’établir une sorte de servitude légale de mise aux normes énergétiques…. L’affaire fit le bonheur des cabinets (ou prétendus tels) d’expertises dont la clientèle s’étend désormais à l’ensemble des locaux d’habitation et dont l’activité comprend aussi le conseil en rénovation et pourquoi pas la maîtrise d’œuvre : un fabuleux gâteau.…

 

 Restait la mise en œuvre : sur le papier, ça paraissait solide : une méthode de calcul bien détaillée, déterminant les déperditions énergétiques des murs et parois des locaux en fonction de leur nature ou composition.

 Le diable était dans les détails : ne pouvant prendre en compte tout les matériaux ou techniques d’isolation un peu anciens, non justifiés ou non accessibles, on ne retenait que des valeurs « par défaut », faisant retomber pas mal de locaux anciens, parfaitement salubres, dans ces catégories « énergivores », « passoires énergétiques », voire « locaux insalubres ».

Le résultat des premières évaluations fut désastreux et les limites de la méthode apparurent par trop évidents.

 Malgré une quasi-refonte de la méthode, les choses n’ont guère changé : toujours des différences inexplicables entre les « études » de différents cabinets pour les mêmes locaux, toujours plus de locaux anciens rejetés dans l’enfer de l’insalubrité énergétique. Quant à l’étude et au chiffrage des opérations nécessaires à leur remise « aux normes » et à leur coût, on atteint l’ubuesque dans son aspect « croc à finances » (« merdre, merdre, par ma chandelle verte !" disait le Père UBU ..).

 

Je regarde les maisons de mon village : pour l’essentiel des maisons vigneronnes de bonne facture, assez récentes (18 ou 19° siècle d’après les dates souvent portées au fronton). La mienne est de 1870 (triste année) … Comment peut-on juger que ces maisons sont insalubres, trop gourmandes en énergie ou exiger des travaux de rénovation parfois impossibles ou hors de proportion et surtout hors de prix…

 C’est la mort du bâti ancien, de nos villages, de ce qui est notre patrimoine …

 

Je me décide à étudier mon cas…. Premier réflexe : demander une de ces évaluations gratuites en ligne : Effy, la fée, se propose … Quelques questions sommaires dont la date de construction et le mode de chauffage… et la catégorie E m’est attribuée, avec, à la clé, la liste des travaux utiles pour me préparer à 2034 … On me juge néanmoins, sur le seul motif que je me chauffe au bois, peu émetteur de CO² !!!

Je renvoie Effy, sinistre fée Carabosse, à ses études et je me penche sur la chose : pour mes 190 m² de surface utile, la dépense énergétique ainsi évaluée est de :

 Sur la base mini de la catégorie E (231 kwh/m²) ont atteint 43.890 kwh … et sur la base maxi (330 kwh/m²) ça ferait 62.700 kwh. … gros écart entre les deux, mais voyons de plus près …

 

Je compare avec ce qui correspond à ma dépense réelle soit la valeur en kwh de 7 tonnes de granulés bois et ma consommation effective selon EDF …Pour 2 vieux s’éclairant, se chauffant toute la journée à 20 voire 21°, j'arrive péniblement à 35.403 kwh, ce qui correspond à un bon résultat pour une catégorie D ... et qui reste à 15.000 à 20.000 kwh en dessous de la médiane de la catégorie qui m’est attribuée.

Alors, le dispositif DPE, c’est toujours une bonne mesure, parfaitement justifiée ?

 

 Je me plonge dans la méthode de calcul calculant les déperditions énergétiques d’un local et donc évaluant les besoins en énergie pour les « standards d’utilisation » (cf plus haut) utilisée par une agence agrée. La méthode « simple » prend en compte des valeurs uniques pour les matériaux de « l’enveloppe », d’autres paramètres sont pris « par défaut » selon le plan général, l’orientation et l’année de construction du bâtiment. Méthode rapide et guère plus fiable que l’estimation Effy. Je crains en outre que ce soit la principale utilisée : après tout, les diagnostics DPE réglementaires sont proposés à un tarif qui ne corresponds guère qu’à une paire d’heure de l’intervention sur place d’un ingénieur-expert et à la remise d’un rapport.

Quant à la méthode « expert », quand bien même elle serait utilisée, elle intègre deux types de parois, la saisie de l’épaisseur des murs, la présence d’isolants (mais il faut en justifier s’il est invisible, et encore à condition qu’il soit récent et répertorié). Pour les parois et les ouvertures on peut saisir les dimensions exactes, l’orientation des fenêtres : on est loin du summum de l’expertise !!!

 

Je m’imagine en expert pour mon cas précis

Pour les murs, de la pierre cimentées sur plus de 60 cm, souvent doublée d’une cloison de brique de 3,5 cm, elle-même plâtrée, parfois non doublée, parfois mitoyenne…. Ça commence à sortir du modèle de calcul … et il faudra plus de deux saisies de ce côté-là.

 Les plafonds et planchers : du classique de l’époque, mais pas forcément répertorié : poutres et panneaux de bois, 15 cm de laine de roche en isolation. Même lorsqu’il s’agit de « classiques » dalles sur « ourdis », en plancher, elles sont surmontées d’un sol de chêne massif posé sur lambourdes… Enfin, au moins deux pièces ont un plancher qui surmonte ma cave voutée, soit des matériaux et des pierres sur une épaisseur variant de 1 à 2 mètres… Bonjour le calcul.

 En ce qui concerne les ouvertures, celles côté Sud sont doubles : une à double vitrage (pas très récent) côté extérieur plus une sur menuiserie bois côté intérieur !

 A la fin du compte, on aura compris qu’une évaluation correcte des déperditions thermiques est quasi impossible, ou nécessiterait de telles études qu’elle sortirait ce qu’il est prévu dans le cadre réglementaire mis en place. Mon cas n’est certes pas unique.

C’est, je le crains, celui de beaucoup de propriétés rurales.

 

 

En bref, on prétend porter atteinte au droit de propriété, établir une servitude immobilière, rendre obligatoire des travaux immobiliers lourds sur la base de simples estimations, souvent fausses en ce qui concerne le bâti ancien et traditionnel.

Un vague souci environnemental, des écologistes de gouvernement béats dans l'acquiescement, mais, dans les faits, ce qui n’est qu’un marché fabuleux et nouveau pour des cabinets de pseudos experts, pour les entreprises du secteur, le dynamisme de ce secteur économique, mais, bien sûr, sur le dos et l’épargne du bon peuple.

 

Sans base sûre et vérifiable, on peut, pour ce dispositif DPE et ses conséquences financières, raisonnablement parler d’arnaque, ou, pour garder le bon langage, d’escroquerie…

Pauvres de nous !!!