La nouvelle est tombée au mauvais moment...
Je venais de feuilleter mon appli de méditation (ne riez pas …) J’avais opté pour l’enseignement d’un vieux moine (bouddhiste, mais comme je suis athée, la couleur ....) car je trouvais les autres applis un peu trop tournées vers des gains personnels espérés. Ça ne cadrait pas trop avec ce que je savais de la chose. Le vieux Ricard enseignait l’exact contraire : oubliée la robe donc et je l’ai suivi pour quelques séances. Je n’ai guère la vocation : ce fut en pointillé et je ne rejoindrai pas les rangs des méditants quotidiens. Il me reste de cela deux mots, son leitmotiv : empathie bienveillante. J’essaye d’analyser les choses en pensant à cela … enfin, toutes les fois, peu nombreuses il est vrai, où les ténèbres de l’époque ne m’incitent pas à, par colère, traiter de connards dirigeants et politiques, chroniqueurs et mercantis… Bref, l’empathie bienveillante comme grille d’analyse, ça m’arrive parfois.
J’en étais là de mes rêveries qui n’étaient plus méditation, quand j’ai appris la
nouvelle.
On m’avait alerté, quelques jours avant : l’affaire faisait grand bruit. Un bébé, grand prématuré, avait été enlevé, arraché de sa couveuse : dispositif maximum, nous devions tous nous mettre à surveiller, renseigner. On craignait pour la vie du bébé : son espérance de vie, sans des soins intensifs hospitaliers, étaient chiffrés à quelques, puis finalement 12 ou 15 heures, selon les toubibs. On soupçonnait les parents et leurs proches : la chose devenait monstrueuse.
On poursuivit la famille, en France, puis dans les pays voisins : l’affaire tourna rapidement au feuilleton journalistique et inonda l’espace télévisuel…
Et quatre jours entiers se sont écoulé : on a retrouvé les parents, la famille, l’enfant. Celui-ci, curieusement, vivait encore, après 96 heures à n’avoir que la chaleur animale et le lait de sa mère comme soins intensifs et unique couveuse. L’enfant allait bien, il avait même repris du poids : c’était inespéré … il est vrai que ses soins intensifs antérieurs se limitaient, à ce que l l’on apprit alors, à la surveillance cardiaque et respiratoire ordinaire, au matelas chauffant et à un nourrissage approprié.
L’affaire s’écroulait : on avait donc outrancièrement « noirci » le tableau médical de l’enfant : et pas qu’un peu : à ce stade il s’agit soit d’une incompétence coupable, soit d’une déclaration mensongère, délictueuse. D’un enlèvement criminel, on devait se contenter d’une sortie volontaire et non autorisée du milieu hospitalier, décidée par ses parents légaux …
Il n’empêche, il fallait justifier l’emballement médiatique et bien sûr le traitement policier et diplomatique des recherches. On prit un arrêté ordonnant le « placement » du bébé, une sorte de déchéance de parentalité. On souligna tous les aspects négatifs des parents et des proches : « gens du voyage », addictions des parents, de la mère, et bien sûr l’habituel « connu défavorablement des services de police ». La machine juridique ne pouvait s’être trompée.
On remit le bébé en couveuse à l’hôpital le plus proche et on jeta sa mère, son ventre et sa mamelle, en prison. Justice était faite : bébé sans parents, à placer, comme que ce qui avait été envisagé au départ, et chose qui avait, sans doute, conduit ses parents à se lancer dans cette folie.
Monstrueux bidouillage : les coupables ne sont pas là où on les cherche. Pour finir, une mère et une famille qui, après s’être battu pour garder, puis maintenir le bébé en vie, se le voit arracher, et que l’on jette en prison.
En dépit de tout ce que l’on pourra me dire, je ne supporte pas cette séparation de la mère et du bébé : c’est criminel…
Que des médecins aient voulu cela, que l’on en soit encore à « placer » ainsi des enfants, dès leur naissance, avec tout ce que cela implique dans la pratique et dans les faits, relève de l’inouï, de l’incroyable …
Je reviens à ma rêverie méditative initiale ; ni empathie, ni bienveillance, on était certes habitué…
Mais pas dans le domaine du soin, pas les toubibs, pas l’hôpital : c’était l’un des rare domaine où cette indispensable approche nous séparait de la barbarie …
L’effondrement n’est pas là où le voit les écolos, l’évolution s’est elle faite dans le bon sens...