Tout avait été, comme d’habitude, minutieusement préparé.
L'itinéraire reprenait la plus ancienne de nos virées, entre le Jura et Venise, en passant par la Suisse et l’Autriche. J’en avais défini toutes les étapes, repéré tous les itinéraires alternatifs ou voies cyclables évitant les grandes routes et repéré les campings de chaque jour.
Pour le retour, il était prévu initialement de passer par les lacs italiens et le Valais Suisse. En y réfléchissant mieux, j’ avais ensuite envisagé une route moins souvent empruntée : direction plein sud vers Florence puis le port de Livourne pour un passage en ferry vers Bastia. Il faudrait ensuite traverser l’ile de part en part pour un nouveau trajet en Ferry entre l’Ile Rousse et Marseille. De là, la remontée s’effectuerait par la vallée du Rhône.
Une fois ce long travail de préparation terminé, j'avais fixé notre date de départ et notre date de retour en fonction de nos quelques impératifs de retraités. Nous devions ainsi, partir à la mi-mai pour revenir avant la mi-juin au terme d’une virée d’environ 2.000 kms. À un peu plus d'une semaine du départ, j'avais même retenu la réservation pour le transport, en train, de nos vélos par le tunnel sous l'Arlberg en Autriche. Ce col, même s’il n’est pas très élevé, passe par une route désagréablement entrecoupée de nombreux tunnels, épreuve toujours redoutable quand il faut les franchir en vélo dans le flux et le vrombissement des voitures et des motos.
À quelques jours du départ je regarde à nouveau la (les) météo de cette mi-mai : c’est une horreur : tous les sites nous promettent 2 jours entiers de pluie au début de notre périple en Suisse, suivis, entre Zurich et l’Autriche, par deux autres jours de neige, jusqu’en plaine !! Quant à la suite, même en Italie, les prévisions ne sont guère plus favorables, des orages étant prévus tous les jours…
Je commençai par différer notre départ de quelques jours, en écourtant quelque peu le trajet de retour et nos jours de visites. Il en fallait plus…
En effet, deux jours plus tard, la météo s'avérait toujours aussi mauvaise et je me décidais alors à inverser le sens de la randonnée, et de partir plein sud vers Marseille, la Corse et pour ensuite Livourne, Florence et Venise …C'est ce que nous fîmes.
Départ donc le 19 mai de notre maison de Pannessières. Départ classique par les voies cyclables traversant Lons-le-Saunier, (juste pour en inventorier les lacunes … mauvais esprit). Nous montons ensuite notre première « vrai » bosse sous assistance électrique (modérée, niveau 1 – pas plus de 60 w) vers Saint Laurent la Roche et la vallée du Suran. Le temps n’est pas terrible : la nuit a été très pluvieuse et nous avançons dans la brume. Nous n'aurons cependant pas à sortir nos équipements de pluie … simplement, nous ne verrons de cet itinéraire, que nous connaissons bien, qu’un ciel bas et gris. L'arrêt de midi se fera dans un abribus que nous avions déjà fréquenté il y a quelques années lors de l’un de nos retours de virée. En cours d'après-midi nous atteignons Neuville sur Ain puis pont d'Ain. Le temps s'améliore et nous rejoignons notre premier camping à une dizaine de kilomètres après ce dernier bourg. Premier bilan de cette étape sous assistance électrique : fonctionnement parfait, les côtes vers Saint-Laurent la Roche et Augisey ont été effectuées avec une assistance d'une soixantaine de watts supplémentaires, ce qui nous remet dans les conditions et dans nos capacités d'il y a plusieurs années. Toute cette étape de 100 km avec plus de 1000 m de dénivelé positif ne consommera qu’une bonne moitié de la capacité de notre batterie. L'équipement que j'avais choisi s'avère donc tout à fait adapté au voyage à vélo, tel que nous l’avons préparé et conçu.
Premier soir dans ce camping qui offre la possibilité de louer des mobile homes ou des caravanes pour la nuit …. Le sol est gorgé d'eau et je n’ai guère envie de mouiller notre équipement de camping dès le premier jour. C’est donc dans une caravane et sur de bons sièges dans l'auvent de celle-ci que nous passerons cette première soirée.
Après cette première étape, nous nous dirigeons vers la zone un peu complexe et pénible du contournement de l’agglomération lyonnaise par L'Isle d'Abeau. Le parcours est toujours un peu difficile à retrouver dans les villes de Loyettes ou Pont-de-Chéruy, mais finalement tout se passera bien à quelques légères erreurs d'itinéraire. Nous passerons la zone industrielle de L'Isle-d'Abeau peu après midi, avec une fréquentation modérée et donc dans de bonnes conditions. Pour l'approche de Vienne, nous nous échapperons rapidement de la route principale, en passant, là aussi avec quelques erreurs d'itinéraire, par les villages d’Oblas et de Septème. La pause méridienne se fera, toujours dans un abribus, dans un de ces petits villages. Dans l’après- midi, nous descendons dans Vienne, pour ensuite retrouver l’ex nationale 86 qui longe le Rhône rive droite et aussi, en partie, la voie cyclable de la ViaRhôna. Cette deuxième étape, assez longue aussi, nous conduira au camping de Condrieu, sur l'ile des Pêcheurs, Nous avions déjà fréquenté ce sympathique établissement, doté, pour les cyclistes, d’une zone de beau gazon, de sièges et de tables. Sont déjà installés, quelques touristes allemands, un groupe de quatre cyclistes australiens en route vers les pays du Sud, et attirés par la ViaRhôna.. Quelques saluts et nous discutons avec l'un des cyclotouristes allemands.
Nous repartirons le lendemain, à nouveau en tentant de suivre l’itinéraire cyclable ….
En fait, au bout d'une vingtaine de kilomètres, suivant toujours le fléchage, nous abordons un secteur où les bords du Rhône, de ses « lônes » et des canaux rendent la progression via les voies cyclables de moins en moins « linéaire » … La ViaRhôna nous conduit ainsi, sur plusieurs kilomètres dans la bonne direction, pour ensuite revenir en arrière et retrouver d’autres chemins ruraux … Si j'ai bien horreur de quelque chose lorsque je voyage en vélo c'est bien de faire des kilomètres inutiles.
Nous nous écartons bientôt de cet itinéraire cyclable et de ses aménagements stupides pour reprendre à nouveau la route 86, sa parfaite linéarité et ses sur largeurs (enfin sur une bonne partie de la route…). Au demeurant ce ne sera pas une punition : la route passe, elle, par de nombreux et beaux villages, ou au milieu des vergers, et notamment, pour nous, un de cerisiers en pleine production. Petit arrêt vers ceux-ci pour nous remplir l'estomac de ces fruits directement cueillis sur l’arbre.
Nous n’omettrons pas de passer à SARRAS, sa cave vinicole, pour nous munir de la bouteille d'un excellent Saint-Joseph qui accompagnera notre repas du soir.
Belle étape par bon temps pour cette troisième journée, que nous finirons au camping de Charmes légèrement au sud et en face de Valence. Le temps est plus que correct, du soleil, et pour moi, les premiers coups de soleil. Quant à notre assistance électrique, relativement très peu utilisée pour cette étape, longue certes mais sans beaucoup de dénivelé, elle n’a été mise en action et encore à son plus faible niveau que lors de passage dans des secteurs urbains, ou, parfois pour contrer le vent.
La quatrième étape nous conduira toujours par la 86, au sud et en face de Montélimar, à Viviers pour être exact. Ensuite, traversée du Rhône, Donzère, puis montée vers Saint-Paul les trois châteaux, Suze-la-Rousse et un camping à proximité de Tulette.
La suite de l'itinéraire emprunte un secteur que nous connaissons bien, par Vaqueyras, les environs de Carpentras, Pernes les Fontaines et Cavaillon.
Encore quelques erreurs après cette ville pour retrouver Orgon où nous avions l’intention de camper. Il est encore un peu tôt et nous décidons de chercher un camping un peu plus loin au nord de Salon-de-Provence.
Le temps n'est plus guère serin et au loin l'orage gronde. Je confonds deux noms de villages (Eygalières et Eyguières), nous nous engageons sur une mauvaise route et finissons par rebrousser chemin alors que la pluie s'annonce et que l'orage se rapproche.
Retrouvent Orgon, nous décidons de nous mettre à l'abri au moment précis où l’orage s’éloigne et faiblit !!
Nous reprenons notre route vers Senas et Eyguières, puis le camping repéré. L'étape a été longue et nous arrivons dans ce camping qui partage son espace avec une fête champêtre bruyante et très fréquentée (trop à mon goût). On voit ma perplexité, ou mes craintes, et l’on me proposera de garder nos vélos, pour la nuit, dans le bâtiment du restaurant … Finalement, après installation, nous sommes loin des bruits et de la fête … De plus, nous discutons avec notre voisin d’emplacement, avec lequel nous échangerons, pour lui, une part excédentaire de pizza et pour moi, un peu de notre réserve vinicole … Rassurés sur l’environnement, nos vélos n’auront que faire d’une protection supplémentaire et nous passerons une nuit tout à fait correcte.