La Grèce du Nord (suite)


Le lendemain, c’était notre troisième étape de montagne avec le passage du col de Katara à 1.700 m d’altitude.

Il a fallu déjà, en partie à pied, rejoindre la route principale d’où nous étions descendu la veille.Le reste de l’ascension se fit sur une route parfois défoncée ou effondrée, et parfois se dressant devant nous comme un véritable mur.

Cette route, pourtant récente, est quasi déserte, l’essentiel du trafic s’effectuant sous terre, via la nouvelle autoroute….

On comprendra plus trad la raison, en retrouvant le trafic routier : cette route est, semble t-il, interdite dans le sens inverse à notre progression. C’est dommage, le secteur est superbe, quasi alpin, et j’imagine volontiers un paysage hivernal très nordique.

En route vers le col, nous apprenons les « codes » de la circulation en pays d’élevage : dès que l’on aperçois un troupeau, un berger, il faut se préparer à gérer leurs chiens… Les chiens sont, paraît-il, un souci bien connu des cyclistes voyageant dans ce beau pays : forts en gueules, menaçants et parfois amateurs de viande de mollets. Nous apprendrons à gérer au mieux l’affaire : reprendre son souffle avant d’affronter le secteur,  passer le plus « au large », crier « stop » sur un ton comminatoire et ne pas faire mine de ralentir …. Le terme « stop » et le ton de la voix paraissent être compris des quadrupèdes et nous n’aurons pas à souffrir de leurs attaques.

Arrivée triomphale à ce superbe col et descente vers la nouvelle route, sa circulation et une remontée de quelques 200 mètres. C’est au pied de celle-ci que nous ferons notre arrêt de midi, sous un porche ombragé abritant une double et abondante fontaine, avec, à côté, un marchand de cerises et en face un petit établissement grillant sur feu de bois saucisses et brochettes. Après un tel pique nique, le reste de l’étape ne sera qu’une formalité que nous terminerons par la montée dans le village de KASTRAKI, au pied même des falaises, pics et monastères des  Météores. Agréable camping, superbe accueil et, là aussi, barbecue géant à l’heure des repas.

Moment d’euphorie : en trois jours nous avons monté près du quart du dénivelé positif de notre virée, et surtout, j’ai avalé sans gros problèmes les trois étapes que je craignais le plus, à la fois par leur difficulté, mais aussi du fait de mon relatif manque d’entrainement et des séquelles de mon traitement printanier. Ventre plein et nuit tranquille dans ce lieu sublime : demain, jour de repos, avec, bien sûr, la visite d’un monastère.

Nous choisirons le plus proche, que nous atteindrons à pied depuis notre campement. L’approche des lieux par les sentiers est une magnifique balade et, pour ceux qui disposent de plus de temps, on doit pouvoir faire de magnifiques randonnées.

Sur ces hautes falaises, de nombreux jeunes pratiquent l’escalade : la roche ne me paraît pas très sûre, mais le site est vraiment magique.

Nous arrivons rapidement au monastère d’Agios Nikolaos .. Josette se met « en tenue décente » (ce n’est pas le cas de tous les touristes ..) et nous attaquons la (les) centaines de marches conduisant à l’entrée.

L’endroit (la partie consacrée à la visite) est réduit :  outre la vue, on admire les peintures (plus de 500 ans) devant lesquelles se pressent des touristes les yeux rivés sur leur guide touristique (« quand le sage montre la lune, l’imbécile …. ») mais surtout de tout petits endroits de prière, entourés de boiseries d’une finesse extraordinaire. La visite sera rapide : juste quelques impressions : les visages peints, si puissants, leur expression toute entière contenue dans les yeux ou quelques infimes détails, les boiseries et l’ambiance des lieux, ce vieux pope ne parlant que grec et cherchant des compatriotes à guider et curieusement, un tableau moderne représentant un « pope à chat », la bienveillance même, au milieu d’une vingtaine d’animaux … pour une prochaine réincarnation peut-être ….

Retour au camping pour une vraie après midi de repos avant de reprendre notre course …

Nous quittons à regret les Météores pour retrouver une grand’route plate et droite, par TRIKALA, en direction de LARISSA … Parcours théoriquement descendant, sur environ 95/100 kms. Il s’agit d’une route principale, mais elle n’est, en fait, guère fréquentée, sauf à certaines heures (début et fin de la journée de travail) ou à proximité des agglomérations.

Nous apprendrons aussi à repérer et jongler avec  les voies parallèles : « local road » ou voie de service, qui permettent d’éviter de rouler sur les « 4 voies »…. Etape monotone et pique nique près d’une fontaine que nous avions cru « potable », mais que l’on nous indiquera, après coup, comme impropre à la consommation.

Notre ville d’arrivée est, bien entendu dans ce secteur, dépourvu de camping et nous chercherons, centre ville, l’hôtel que j’avais retenu. Quelques hésitations dans les rues piétonnes avoisinantes et nous emménageons, avant de nous mettre en chasse d’une terrasse accueillante pour la bière, et d’une pizzéria pour le dîner. Bonne réussite pour la terrasse : bar branché plein à craquer, et moins de réussite pour la pizza…mais bon, demain sera un autre jour.

L’étape suivante nous conduira déjà sur la côte est, à VOLOS, au début de la péninsule du Peillion. Trajet à peine plus agité que le précédent, lui aussi sur de grandes routes rectilignes, sans grand charme, mais sans problème…. Pique-nique sous la chaleur, à l’ombre d’un abri bus… Nous arrivons à Volos sur une 4 voies, comme toujours sans souci, on a l’habitude ici de partager la route avec les véhicules lents, cyclistes compris … Traversée de la ville et nous nous dirigeons vers le seul camping du secteur qui est encore à une vingtaine de kms, le long de la côte, sur une route parsemée de quelques montées, indigestes au terme de cette étape de près de 100 kms.