J'ai sur mon site de voyage un chapitre relatant nos essais, errances et les résultats de nos efforts pour compenser notre baisse de puissance et nous permettre de continuer nos voyages cyclos grâce à une assistance électrique ... Nous naviguons désormais sur des machines hybrides, nos anciens vélos de voyage, un peu bricolés, mais parfaitement adaptés au « cahier des charges » par nous établi en vue d'une vieillesse heureuse et vagabonde.
La « pandémie » pan-démoniaque nous a un peu rogné les ailes et nos vélos sont restés par trop statiques. Pendant ce temps, de toutes part, surgissaient des offres poussant le bipède urbain à fuir les miasmes et les enfermements, à ne pas empuantir l'air des cités et à s'agiter sur les couloirs cyclables que l'on avait mis en place en toute hâte. Entre les nécessités sanitaires de l'époque et la lutte contre la pollution, un nouvel âge d'or de la bicyclette pointait à l'horizon. Il ne fallait cependant pas pousser l'effort physique trop loin : l'assistance électrique s'imposait donc au plus grand nombre...
Nouveaux pratiquants, nouveau marché, nouveau commerce : la « machine » industrielle et commerciale s'emballe, l'offre de vélos électriquement assistés devient pléthorique. Il est temps de mettre à jour mon chapitre dédié à ce type de véhicule.
Que propose t-on :
Modèle « tradition » : écolos urbains, nostalgie des vélos hollandais, des vélos de ville : garde boue, panier et sacoches(même vides) obligatoires... Loin de moi l'idée d'en dénigrer l'usage … mais, hélas, peu d’innovation de ce côté : vélos lourds, aucune recherche de légèreté ou de rendement. L'usage ne réclame ni grande autonomie, ni adaptation aux fortes pentes : on peut même rester sur des moteurs-roues asiatiques « lambda »... On proposera essentiellement une facilité de gestion de l'assistance, ou une gestion des développements simplifié... Bref, le vélo de ville devient simplement plus cher, plus lourd, mais ne nécessitant qu'un effort physique très limité … Perso, je n'ai rien contre …
Version « Bobo » : la chose était tentante : le pouvoir d'achat de néo-pratiquants aisés étant quasi illimité... Quelques gadgets, une gestion plus élaborée de l'assistance électrique, des vitesses intégrées au moyeu et surtout un design, pas forcément cohérent sur le plan mécanique, mais sortant de l'ordinaire... on arrive sur du sérieux à plus de 3.000 €, avec une bonne marge de progression. Ne boudons pas : dans le lot, on voit pointer des moteurs pédaliers avec « boite de vitesse » incluse qui sont tout à fait intéressants … reste à attendre le développement et la « démocratisation » de la chose...
Les versions VTT … souvent au-delà de la norme européenne (250 W – c'est peu pour un parcours VTT « ludique » mais exigeant ) - donc, moteurs « hors normes », belles machines, mais, sur route, à ranger dans la catégorie « mobylette » : casque « lourd » et assurance obligatoire, interdits sur voies cyclables – en théorie s'entend, mais en pratique, ces vélos circulent librement … Attention : en cas d'accident, il se peut que des « assureurs » découvrent la faille et s'y engouffre afin d'éluder leurs engagements (ça sortira, sans aucun doute un jour : prudence!!!).
enfin, ce qui paraissait le plus intéressant, pour nous autres voyageurs : le « type VAE-Gravel » … mais, en définitive, on ne retrouve qu'une version sport du modèle « Bobo » : Cher, très cher, pour des modèles qui sont trop élaborés pour des voyages lointains ou des contrées sans vélocistes, et qui, finalement, sont aussi lourds que mon vélo actuel (présenter comme le summum de la légèreté un VAE de pratiquement 16 kgs, c'est un peu de l'escroquerie, non?)
Et puis, j'ai vu ça (plus haut)... le vélo-cargo, cadre en tubes de chauffage central (collectif), 2 mètres d’empattement, 2 roues en lignes, fortement électrifié … et j'apprends que nos responsables éclairés veulent, pour réduire la pollution en ville, promouvoir un service de livraison sur ce genre de triporteurs (amputés d'une roue) et sans doute une fois et demi plus pesants que les engins d'il y a presque un siècle... les bras m'en tombe … Ô mânes de nos illustres constructeurs : Véloccio, Herse, Singer, ce cher Busset, beaucoup d'autres qui passaient leurs belles années à concevoir des machines à la fois légères, résistantes et performantes … de ces machines qui se conduisaient d'un doigt, qui se faufilaient entre les obstacles … J'ai parfois honte pour mes concitoyens...
Je descends dans mon garage caresser mes vieilles machines, j'attends les circonstances et la forme qui nous permettront de décrocher nos « bricolo-vélos », leur harnachement de sacoches et de reprendre enfin, sans céder aux dissonantes sirènes de la mode, sans même l'aide d'une officine de voyage, la route enchanteresse de nos cyclo-voyages ...
A vous aussi, je souhaite les mêmes plaisirs « assistés », mais ne vous laisser pas avoir par des marchands de rêves qui ne sont que l'incarnation du « marchand de sable »...