Chronique du Royaume :
Le royaume se réveilla à l’aube de sa huitième semaine d’enfermement. Elle devait être la dernière des annoncées, mais on s’acharnait à agiter grande crainte du retour de la bête et menace de nouvelle prison. On montrait le tas de vieillards emportés, les cadavres qui sortaient encore, malades contaminés du mois dernier, qui, malheur aidant, arrivaient à leur fin. On cachait pareillement le peu de gens devant consulter ou le fait que, dans mains hôpitaux de province, alors même qu’on prévoyait dans leur district de maintenir strict contrôle, on ne voyait nul nouveau malade.
On fustigeait aussi toute parole ou déclaration laissant supposer que le Mal s’éloignait. A cet effet, quelques serviteurs zélés recherchaient et faisaient publicité de tous faits ou écrits anciens pouvant jeter un doute sur les proclamations contraires ou faisant espoir.
Les scribes attachés au Conseil travaillaient avec ardeur sur les mesures et pratiques de ce premier élargissement des sujets. Les premières annonces avaient été confuses : on s’interrogeait. Hier, les échotiers avaient été en manque et n’auraient fait que répéter à l’envie un maigre brouet. On commençait seulement à avoir quelques renseignements ou indiscrétions sur ces mesures. Elles étaient bien et toujours de la même eau.
Les scribes étaient des sortes de chats fourrés comme les décrivait ce bon François Rabelais dans son livre cinquième. Ne connaissant l’extérieur de leur cabinet que par imagination et lectures anciennes, ils décrétaient et condamnaient sans saine logique ni quelconque discernement. On ouvrirait des lieux étroits où les pestilences pouvaient renaître mais on tiendrait fermé les étendues où le Mal ne pouvait prendre racine. On tolérerait promiscuité dans les coches ou ateliers, mais les gens faisant exercice au milieu des champs devraient se couvrir le nez, tout comme les voyageurs seuls dans leur fiacre. Bien sûr, de nombreux gendarmes et auxiliaires surveilleraient le tout et taxeraient avec rigueur et de belle somme tout contrevenant.
On se croyait rêver, et naviguer, semblablement à Pantagruel et ses compagnons, dans les étranges mais parfois dangereuses îles précédant l’oracle de la Dive Bouteille. Pour beaucoup parmi le peuple, c’était d’autres dives bouteilles qui les tenaient en bonne raison dans cette tempête d’ineptes sentences.
Les choses avançant, le premier conseiller devait en faire l’annonce auprès des représentants de la Nation. Il avait déjà parlé aux représentants du Tiers, il lui fallait maintenant faire discours devant les Pairs du Royaume. Il y pointa sa barbe - qu’il avait étrange. Les Pairs étaient gens gras et vieux mais bien établis. De plus ils étaient proches et tenus par les baillis et échevins. C’étaient aussi gens de raison et d‘intérêt. Le discours fut long, on montra la bête, on combattit les détracteurs, on indiquât les mesures que l’on prendrait et les quelques pistoles que l’on distribuerait à de jeunes démunis.
En vain, la chambre des Pairs dit sa méfiance et lui fit affront. Il retournât à ses travaux, en quelque sorte la queue basse.
Son cabinet préparait encore et toujours quelques limites, parfois saugrenues, à l’élargissement des sujets. Le peuple grognait devant tant d’errements et incohérences.
On avait trop montré la bête, toute chose déjà décidée en supposait le vigoureux retour, qui seul les justifiait. Au Conseil, on priait, contre toute raison,
pour que le Mal veuille bien, au moins un peu, montrer à nouveau le bout de son nez.
Chez nous :
Ça commence à faire long. Ma voisine déprime, je crains pour quelques copains et je pense que les psy vont avoir du travail. En fait, on n’aurait pas dû importer des quintaux de chloroquine, mais des tonnes de Xanax… A force de tourner dans le même kilomètre, je n’ai même plus envie de prendre mon vélo (même sans masque) M’en fout, je suis imperméable à la déprime et j’ai mes provisions de « dives bouteilles » …
La seule chose qui m’atteigne un peu, c’est cette espèce de privation de liberté sans justification ou nécessité réelle…. Mais aussi le fait, plus grave et plus problématique, que la plupart des gens s’en accommode.
En parlant de liberté, d’accord c’est par forcément la mienne ou ça ne l’a jamais été, mais ça a existé : le clip de fin :
https://www.youtube.com/watch?v=Y7nPERmTefg
A demain …
Chronique du royaume :
le Roi s’en fut visiter une école en vue du prochain retour des enfants aux études. Celle-ci accueillait les petits des hospitaliers. Si les portraits et rapports que l’on fit ne le montrèrent à l’aise, ni dans la façon de se cacher le visage pour éviter contagion, ni dans le rôle de maître de petite enfance, il tenait surtout à montrer quelle serait le relatif élargissement et gain en liberté de ses sujets à la date par lui-même annoncée. Mais il ne dit guère plus que ne l’avait fait ses ministres, disant que la bête n’était point morte, insistant sur son possible sursaut ou même rétablissement et concluant à d’encore nécessaires privations d’aller et venir à son gré pour loisirs et amitiés. Il rejoignait en tout point l’avis de ses conseillers qui étaient venus à bout de sa volonté royale d’accorder à tout ses sujets même bonne liberté, à charge par eux, en conscience, d’en user prudemment.
Outre que son apparition ne fit guère écho, il ne faisait que rejoindre le Grand Conseil dans la détestation que ce dernier avait suscité. On attendait, sans croire que cela lui rendrait sa majesté, la proclamation qu’il devait faire en faveur des théâtreux et saltimbanques qui, faute d’aller au public, étaient en grande peine et misère.
Du côté de la chambre des Pairs, on s’était résolu à donner licence au Grand Conseil afin qu’il puisse décréter et tenir le pays à sa guise pendant de longs mois encore. Pour y marquer sa main, et se faire remarquer du bon peuple comme ami des libertés, il fit quelques changements. Mais, en outre, il ajouta un articulet tenant à distance des juges les édiles, intendants ou maîtres de manufactures qui auraient par négligence attiré le mal sur ceux dont ils avaient la garde. La chose leur retira la sympathie qu’ils s’étaient attirés hier en faisant affront au premier conseiller.
Sans grande nouvelle, échotiers et gens du peuple attendait, pour le lendemain, de connaître avec plus de précisions le sort qu’on lui réservait au 11 prochain. Morosité et inquiétude était le lot du plus grand nombre.
Chez nous :
Rien de neuf, pas plus que chez tout le monde …
Je suis simplement effrayé par le délire ambiant, par les gens qui réagissent comme si la peste, la vraie, encore pire que la grippe espagnole, était revenue. Effrayant de voir que l’on est plus capable de raisonner : en fait, dans le Jura, le nombre de nouveaux cas, donc les chances d’être infecté, rapporté à la population, font que la probabilité de tomber malade doit être inférieure à celle de gagner à l’Euro Million … et les gens ont quand même peur…
Autre sujet : dans la presse nationale aussi, on parle du décès du docteur Loupiac et de la plainte déposée par sa veuve. L’hôpital réagit en s’auto dédouanant … intolérable !!!
Réduction des coûts, des moyens, suppressions d’hôpitaux, de lits, de services, d’une ligne d’urgence et rien, des politiques qui laissent faire d’en l’espoir que leur hôpital, lui, s’en tirera au mieux, mais surtout, des fonctionnaires serviles qui justifient, en font le plus possible au mépris de nos santés. Ils sont tout puissants, tels les « chats fourrés » du docteur Rabelais … Pour eux, en guise de fin pour aujourd’hui, ce qu’il en disait :
« Et s’il arrive jamais la peste au monde, la famine ou la guerre, le déluge, des cataclysmes, des conflagrations, des malheurs, ne les attribuez pas, ne les rapportez pas aux conjonctions des planètes maléfiques, aux abus de la cour de Rome, ou à la tyrannie des rois et des princes de la Terre, à l’imposture des cafards, des hérétiques, des faux prophètes, à la malignité des usuriers, des faux monnayeurs, des rogneurs de pièces d’or, ni à l’ignorance, l’impudence, l’imprudence des médecins, des chirurgiens, des apothicaires, ni à la perversité des femmes adultères, empoisonneuses, infanticides ; attribuez-le complètement à l’énorme, indicible, incroyable, inestimable méchanceté, qui est continuellement élaborée et exercée dans l’officine des Chats-fourrés, et qui n’est pas plus connue au monde que la cabale des Juifs ; pour cela, elle n’est pas détestée, ni corrigée, ni punie, comme il serait de raison. Mais si, un jour, elle est mise en évidence et montrée au peuple, il n’y a pas, et il n’y a jamais eu d’orateur si éloquent qui, par son art, ne le retienne, ni de loi si rigoureuse et draconienne qui, par crainte de la peine, ne le garde, ni de magistrat si puissant qui, par la force, empêche le peuple de, furieusement, les faire tous brûler vifs dans leur terrier. »
A demain
A la Cour :
Hier, le Roi reçu les représentants des saltimbanques et théâtreux qui étaient dans le besoin. Gents de peu de convenances, il les reçu en tenue négligée. Il ne leur accorda guère en pistoles mais fut prodigue en vent, promesses et espoirs, puis retourna à ses affaires.
Pendant ce temps, les représentants du Tiers, qui, curieusement, étaient acquis aux souhaits du Grand Conseil, réparaient la sotte initiative de la Chambre des Pairs. Elle avait été par trop critiquée et vilipendée par d’influents chroniqueurs et le bon peuple ne souffrait pas que leurs édiles et maîtres puissent ainsi s’affranchir de toute critique ou poursuite de leurs juges.
Les Ministres et conseillers, eux, s’agitaient en tous sens : on préparait avec minutie le proche et très relatif élargissement des sujets. L’affaire serait présentée aux chroniqueurs habituels par le Premier en milieu de l’après-midi de ce jour.
Elle avait été longuement étudiée dans les cabinets par les meilleurs scribes, formés à toutes situations dans de prestigieuses facultés. Las, habitués aux arcanes de la Finances et des affaires, habiles à manier mathématique et rhétorique, à justifier toute chose par dialectique, ils n’avaient jamais eu à étudier ce nouveau et très grand désordre. N’ayant comme horizon que les murs de leur cabinet et comme source les livres de savants désignés et proclamés tels, ils se trouvaient démunis. Comme ils n’étaient habitués ni à sain, logique et personnel examen, ni à grand pragmatisme, ils se perdaient dans d’étroites règles, contraintes de toutes sortes et ordres de caporaux.
Dans le Royaume :
Le peuple, les voyant ainsi faire, redoutait les annonces de l’après-midi. On alla à Messe en craignant Vêpres.
A Pannessières :
Ça craint toujours... Le JURA est toujours en rouge, et le grand n’importe quoi s’annonce…
Pour l’avenir, des voix s’élèvent mais portent peu : Vincent Lindon, sur une excellente analyse, ne me laisse entrevoir que peu de solutions viables ou possibles et notre écolo national, comme ses pairs n’entretient que des rêves …
Si on fait d’abord une projection logique de l’après Covi19, ça ne laisse pas beaucoup de chance au rêve. En pratique, coincés entre l’OMC et les traités signés, la BCE et les limites imposées par la Bundesbank, le fait que le pognon et la finance à taxer n’est plus sur le territoire, tout comme les décideurs économiques… ça limite. Une masse de faillites de petites entreprises, un paquet de chômeurs en plus et l’impôt qui ne rentre pas, ça ne se règle que par la dette. Elle sera à 1,3 fois ou plus du PIB et ça nous place, dans un fonctionnement normal de la zone euro, dans la même situation qu’il y a peu, la Grèce … Quant à espérer que ce monde pourri s’effondre et soit remplacé par une fraternelle et autosuffisante société, je n’y crois guère… pas plus qu’à la mise en accusation des élus et responsables (ça fait des siècles que les élus ne sont responsables que devant leurs électeurs, alors …)
Cela dit, je relis, comme je l’avais fait en fin d’année dernière, le préambule de la constitution et les trois textes que l’on avait placé : Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, préambule de la constitution de 46 et charte de l’environnement …Théoriquement, ces textes sont de droit positif, priment sur tous autres à l’exception des traités « nécessaires à l’organisation et à la défense de la paix ». Rien qu’avec ces trois textes, on pourrait changer bien des choses … Saine lecture : j’avais mis ça en annexe à un vieil article de mon blog … à l’époque des premières manifs de gilets jaunes … c’est là :
https://www.lethieu39.fr/2019/01/03/gj-et-si-c-%C3%A9tait-eux-les-gardiens-du-temple/
A demain, pour de nouvelles colères…
A la Cour :
Hier, comme annoncé et à l’heure dite, le premier conseiller montra sa barbe aux lucarnes. Il disposa à ses côtés quelques ministres afin d’appuyer sa parole et d’expliquer au peuple les tenants et circonstances de la liberté qui leur serait accordé ce prochain lundi.
Sa parole fut précédée de celles du Premier Médecin et du Savant de Cour qui présentèrent l’état du grand mal et la carte du royaume où figuraient les provinces, chargées de rouge, qui se verraient contraintes plus que les autres. On trouvait maints districts qui ne voyaient nul nouveau malade, mais que l’on avait dépourvu à l’excès d’hôpitaux et carabins. On y montrait sa colère contre les intendants et l’on y troussait fort ses babines.
Le premier fit ensuite présentation des ordres qu’il donnerait. Mais, pour tenue des enseignements et transports d’ouvriers, toute chose était si minutieusement décrite que leur mise en branle ne se pouvait faire que par ingéniosité, science et capacités des édiles, échevins et maîtres d’industrie ou commerce du royaume. A eux donc d’assumer la charge et la responsabilité de ces embarrassants problèmes.
Passant aux libertés de chacun, il confirma que la laisse où l’on tiendrait le peuple serait précisément de 25 lieues, sans qu’il soit possible de l’étendre hors d’impérieux besoins ne souffrant nul retard. Pour le reste, autant le premier chapitre manquait de précision, autant celui-ci était marqué de rigueur. On ferait barrière à toute plage et lac où il était plaisant d’aller, on mettrait piquets et barrières à chaque place, et surtout, on poursuivrait avec vigueur les impudents, sains ou malades, qui mettraient le pied hors des limites. Le royaume était le seul, parmi ses voisins, qui mettant la forme avant le fond, remplaçait ainsi la commune sagesse par la peur d’amendes, faisant coupeurs de bourses ses gardiens ou agents.
Le théâtre ainsi joué n’amusait guère et le petit peuple grognait dans sa barbe.
Le Roi, lui, se tenant coi et, marchant derrière ses conseillers, avait beaucoup perdu en majesté. Jeune Roi, il s’était dit Jupiter et montré absolu monarque, tel Louis le quatorzième. Mais le grand Roi tenait son trône par droit divin quand le nôtre s’y était haussé par défaut.
Dans le royaume :
Grogne passée, on se divertissait, se passant les uns les autres saynètes, farces et surtout nombreux pamphlets. La matière ne manquait guère pour ces derniers : bévues de ministres, agitation des cabinets, scribes allant en tous sens, tels des canards sans têtes et même savants médecins de cour surgissant, tels chats giflés, dès qu’un carabin parvenait à guérir quelques agonisants par une potion qu’ils n’avaient point bénie.
Ce jour, on se gaussait de ce que l’on ait continué à jeter de nombreux becs, certes anciens mais encore propres, alors que partout on n’était en
grand besoin. On riait aussi de ce portrait que le Ministre des Polices avait fait peindre et le montrant, en pleine épidémie et contre élémentaire prudence, sans masque et en nombreuse et trop
resserrée compagnie.
Entre arbitraire, incohérences et bévues, le Grand Conseil jouait là une bien mauvaise farce. Et le peuple, privé de ses
saltimbanques, enrageait de devoir payer, de sa personne et de sa bourse, pour un si piètre théâtre.
Chez nous :
Bien sûr, on grogne … d’abord de tant de bêtise institutionalisée … ça finirait par atteindre l’âme et l’esprit…
Comme défense, il me reste cette petite histoire que je me raconte chaque fois que j’y suis confrontée. Deux amis, l’un est psychiatre – ils habitent tout deux au même étage, du même immeuble et vont au travail aux mêmes heures : Ils prennent souvent l’ascenseur ensemble. D’un étage supérieur, souvent aussi à la même heure descend un quidam qui, dès qu’il voit le psychiatre, lui colle une belle paire de claques. Le psy ne répond jamais. Son ami, après plusieurs épisodes, lui demande pourquoi il ne répond rien. Le psy : « c’est lui qui est malade, pas moi ».
J’essaye, en pensée, d’éviter d’être aussi con que nos gouvernants et aussi de trop rêver à leur tête au-dessus de nos piques, mais quand même, être ainsi privé de liberté alors que je
suis sain de corps et d’esprit (enfin, presque), ça affecte. Je retourne à mes saines lectures (les mêmes qu’hier).
En prime, l’image officielle de vos « libertés » …
https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/cimages/infographie_deconfinement_-_020520.jpg
A plus…
Dans le Royaume :
On avait entendu l’oracle du Conseil et mesuré ce que chacun pourrait ou devrait faire dès ce prochain lundi. Les plus optimistes, assoiffés de liberté et de loisirs, regrettait les arbitraires limites à leurs jeux. D’autres se posaient cent questions sur la façon de retourner à leurs tâches et métiers. Enfin, bien des gens étaient encore tourmentés par la perspective du retour annoncé de la bête.
En effet, nul ne pouvait justement prévoir : en plus du retour de gens en nombre dans les espaces limités de nos villes, la fièvre, œuvre du malin était fantasque et à l’image de son artisan.
Quelques savants en avaient étudié les formes changeantes : la fièvre des Indes orientales n’était pas la nôtre, et cette dernière pouvait encore nous réserver quelques surprises dans ses effets. On priait pour que demain soit à notre avantage, mais ces changements ne facilitaient pas la tâche des Médecins et Savants : le remède étudié ce jour serait-il utile demain ?
Malgré cela, un pas avait été franchi vers une vie plus ordinaire et l’on retourna à ses affaires. Dans les provinces, les intendants et édiles se penchèrent sur les menus détails, interdire telle ou telle place ou sentier, autoriser ou non foires et marchés, le reste à l’avenant. Au conseil, Ministres et scribes, eux, pensaient à demain, à leur lendemain. On avait failli sur bien des points et la question était d’en effacer ou atténuer le souvenir, ou mieux, d’en rejeter la faute sur ses prédécesseurs. Mais le sujet le plus grave était bien celui de modérer, sinon résoudre les effets désastreux de l’affaire sur les Finances du royaume. Un bon et prompt retour à notre ordinaire opulence était improbable, dans notre royaume comme ailleurs, et de grands bouleversements et misères s’annonçaient, menaçant l’équilibre du trône comme les prébendes des Ministres ou délégués.
En haut, plus que maladie, on redoutait les
grognements et grondements futurs du petit peuple.
Chez nous :
Bof … on attends … mais ce que je crains le plus, c’est qu’il fasse un temps de M. quand nous aurons enfin la possibilité de porter nos
roues de vélos à plus d’un kilomètre … et c’est mal parti.
Avec leurs conneries, on se lève de plus en plus tard : déjà l’heure de déjeuner …
A demain,
Chronique du Royaume :
Ce dimanche, le peuple s’éveilla pour ce qu’on lui avait promis comme fin de son enfermement. Mais il s’agissait tout au plus d’un dernier jour avant son retour aux ateliers.
En dépit, le moment était opportun pour rappeler et penser à cette curieuse et inédite parenthèse, comme aux édits et proclamations qui l’avaient accompagné. Comparé à deux de nos plus proches voisins, notre état n’était guère flatteur. On y comptait là-bas bien moins de défunts, alors que l’on y ouvrait, certes avec prudence, déjà les estaminets et auberges. Chez eux, nulle limite n’avait été mise à leurs voyages pourvus qu’ils fussent seuls et qu’ils s’écartent afin de ne pas semer miasmes. On les avait d’ailleurs encouragés, par sains exercices, à fortifier leurs corps pour mieux combattre le mal. On ne surveillait, dans ces pays, que le respect des bonnes pratiques : se tenir à distance ou se couvrir le visage. Dans chaque district, les représentants élus avaient licence pour prendre toute dispositions utiles en fonction des circonstances du lieu ou reprise de la maladie. Chez nous, tout avait décidé d’en haut et pour tous, sans nulle appréciation locale. On avait surtout taxé ceux qui avaient, même de peu, allongé la longueur de corde qui le tenait prisonnier. Croyant trop peu en son esprit, on avait répété à l’infini les bonnes pratiques, mais d’une voix neutre et si souvent que ce n’était plus que berceuse pour petits enfants.
Le bon peuple se remémorait aussi les épisodes de la maladie et les proclamations qui l’avaient jalonnée. On était passé de simple fièvre de saison au mal absolu. On avait changé de Médecin du Roi en pleine affaire, l’envoyant briguer une fonction subalterne à la place d’un comique flétri d’une graveleuse histoire. On avait aussi, faute de becs, masques ou capes, envoyé à trépas carabins et hospitaliers. Quant au bon peuple, on lui avait servi calembredaines au sujet de l’utilité des petits masques comme à celle d’examens et de soins attentifs aux premiers signes du mal. Mais surtout, par conduite incertaine, refus de vérité, menteries égales à celles de petits enfants pris la main dans le bocal de bonbons, déclarations parfois simplement sottes, on s’était couvert de ridicule.
Encore plus que sa désastreuse gestion, ce ridicule tuait le crédit du
Conseil. Quant au Roi, il avait perdu la sympathie de beaucoup. Les choses allaient à vau l’eau et pour les prochains mois, avec la reprise attendue du grand mal, de noirs nuages
planaient.
Chez nous :
Dernier jour et mauvais temps attendu … Joyeux, mais sans plus
En clip de fin, une rêverie qui aurait pu meubler la longue parenthèse de notre confinement (ou la première phase de celle-ci …)
https://www.youtube.com/watch?v=2X6nkTKTsMk
A lundi (le 11 !!)